Identifier des actions suisses de qualité et les valoriser (1/6)

Publié le 23 mai 2017 par Chroom

DISCLAIMER…

Disclaimer de dividinde: Bonne lecture!

Disclaimer de n'importe quelle grosse banque:

Si vous devenez riche sur un malentendu malgré tous nos frais cachés, ce sera grâce à nous et c'est pourquoi nous nous permettrons de piquer 20% supplémentaires  comme participation aux gains. Si vous perdez tout votre argent, c'est la faute à pas de chance. La performance passée sert juste à vous montrer comment notre stratégie aurait fonctionné si on avait pu prédire l'avenir (backtesting) et si on n'avait pas fait les cons avec votre pognon. Grâce à notre processus de sélection active, on fait bien pire que n'importe quel ETF, mais il faut bien récolter plein de frais scandaleux et injustifiables si on veut que nos enfants puissent fréquenter une école privée pour devenir un jour comme nous. Si vous n'arrivez pas à lire ce disclaimer, c'est normal, on l'a écrit en miniature en bas de la page 174 en espérant que vous passiez à côté. Nous vous remercions de votre naïv... heu... de votre confiance.

INTRODUCTION

Il existe de nombreuses façons d'évaluer la valorisation correcte d’une action. Je vais vous présenter la mienne, sans avoir l'ambition de dire que c'est la meilleure méthode ou que c'est celle qu'il vous faut utiliser. J'espère néanmoins que vous pourrez en retirer quelques idées et peut-être appréhender les choses sous un nouvel angle.

Voici ce que je recherche en quelques mots: des entreprises de grande qualité qui s'échangent à un prix que j'estime raisonnable. Le dividende est un facteur important pour moi, mais ce n'est de loin pas le seul critère que je prends en considération.

Une entreprise de qualité se caractérise notamment par le fait de parvenir à créer de la valeur de façon régulière et prévisible, et ce même en période de crises économiques. Un bilan solide permet de traverser les tempêtes boursières, tout comme un bateau solide a plus de chances de traverser une mer déchainée qu’un simple radeau en bois.

UN PROCESSUS PAR ÉLIMINATION

J'ai toujours adoré les romans policiers dans lesquels l'enquêteur procède par élimination: Lorsqu'il ne sait pas qui est l'auteur, il commence par éliminer de la liste des suspects tous ceux qui n'ont pas pu commettre ce crime. Celui qui avait une jambe cassée et n'était pas en état de se rendre sur le terrain escarpé où a été commis le crime. Celui qui n'était pas assez fort physiquement pour porter le corps. Celui qui avait pris un somnifère et dormait au moment des faits.

J'utilise également ce processus par élimination lorsque je veux sélectionner des actions: Je commence par éliminer de ma liste les entreprises qui ont une jambe cassée, celles ne sont pas assez fortes ou encore celles qui semblent sous l'emprise de puissants somnifères...

Pour commencer, j’élimine toutes les sociétés qui ne sont pas encore bénéficiares (p.ex. presque toutes les biotechnologiques).

Ensuite, celles qui travaillent dans des branches fortement cycliques (p.ex. Adecco) et/ou qui sont très gourmandes en capital et nécessitent d'importants investissements pour mener à bien leurs activités (p.ex. LafargeHolcim, Schmolz + Bickenbach).  Le terme allemand « kapitalintensiv » est à mon sens beaucoup plus parlant.

Je n'apprécie également pas trop les entreprises technologiques et informatiques "hot" qui peuvent être dépassées plus rapidement qu'on l'imagine par un concurrent et dont les produits peuvent devenir obsolètes (p.ex. AMS, Kudelski), même si je fais quelques exceptions dans ce secteur.

Je fuis comme la peste les restructurations profondes et les chantiers sans fin (p.ex. Valora) ainsi que les sociétés qui sont éternellement sur le point de sortir un produit révolutionnaire (p.ex. Myriad). Ces entreprises me rappellent cette phrase que l’on entend souvent à propos de la ville de Bienne : « Bienne est la ville de l’avenir… et le restera toujours ».

Je me méfie également des entreprises qui passent leur temps à faire des (trop) grosses acquisitions et promettent des synergies irréalistes dans le seul but de justifier leur endettement croissant (p.ex. Dufry). A l’opposé, les sociétés qui font régulièrement de petits achats faciles à intégrer m’intéressent beaucoup (p.ex. Burkhalter, SGS).

Un endettement excessif peut rapidement mener à la faillite si la conjoncture se détériore (p.ex. Aryzta, Meyer Burger).

Les entreprises qui ont commis d’énormes magouilles financières sont éliminées à jamais (p.ex. Panalpina), même si depuis leurs dirigeants ont changé plusieurs fois. Qui a bu boira. Le risque de récidive est trop grand et je préfère aller voir ailleurs plutôt que de jouer avec le feu.

J’élimine les grosses banques, car leur bilan est complexe, incompréhensible et plein de mauvaises surprises cachées dans tous les recoins (scandales et procès à venir = argent qui sera jeté par la fenêtre = destruction de valeur boursière et suppression de dividendes).

LE SECTEUR CYCLIQUE PAR EXCELLENCE

Le secteur cyclique par excellence et qui doit être évité à tout prix est celui des compagnies aériennes. Heureusement, depuis que Swissair a fait faillite, il n’est plus possible d’investir dans ce secteur en Suisse ! Investir dans une compagnie aérienne, c’est jeter votre argent par le hublot !

Voici ce que Richard Branson, qui a tenté l’aventure, dit à propos des compagnies aériennes : « Devenir millionnaire, c'est facile. Commencez milliardaire puis achetez une compagnie aérienne ».

Si vous n’êtes toujours pas convaincus, comparez par exemple un chart à long terme d’Air France-KLM et de Nestlé :

Air France-KLM

Nestlé

PASSER À CÔTÉ DE MAGNIFIQUES OPPORTUNITÉS ?

Procéder par élimination, c’est-à-dire commencer par éliminer les perdants potentiels, est au moins aussi important si ce n’est plus que de choisir les gagnants !

La seconde vague d'élimination se fait chez moi à partir de critères chiffrés (quantitatifs) que je vous présenterai un peu plus tard.

Vous me direz certainement qu'en procédant de façon aussi radicale on va passer à côté de magnifiques occasions, ces actions dont le cours va être multiplié par dix en quelques années. Myriad ou Wisekey seront effectivement peut-être (sur un malentendu) bénéficiaires un jour et rendront leurs actionnaires extrêmement riches.

C'est parfaitement exact, mais honnêtement ça m'est complétement égal. Car cette approche QUALITATIVE permet avant tout de passer à côté de pertes abyssales.

C'est ce qui s'appelle INVESTIR par opposition à SPÉCULER.

C’est aussi ce qui permet d’atteindre son objectif d’indépendance financière en temps voulu...