Baz Luhrmann, 2008 (États-Unis, Australie)
Accompagné d'acteurs australiens comme lui, le réalisateur de Moulin Rouge (2001) se réapproprie le western et déplace le mythe en Australie durant la Seconde Guerre mondiale. Dans une première partie, du western classique, il reprend les vachers et les canyons, les chapeaux et la poussière. Il en reprend également le manichéisme et la valorisations des bons héros. Du western spaghetti, il retient aussi les gros plans, les sales gueules, les mal rasés et les suants. Dans la deuxième partie, Australia se laisse rattraper par le contexte historique et se mue en film de guerre. Mais en définitive, en dépit de ses rebondissements, de ses variations, le film intéresse peu, trop long, boursouflé et le style même du réalisateur demeure toujours excessif (ciels roses, ralentis, effets d'hélicoptère et surcharge des plans...). Et pourtant... ce que le film dit du film nous raccrocherait presque à quelque chose.
Du début à la fin de l'histoire (la reprise par une aristocrate anglaise d'une exploitation bovine en Australie), il y a un autre thème : il y est question d'un enfant métisse, blanc et aborigène, un sang-mêlé que de vilains personnages veulent enfermer dans une mission catholique et que le couple Kidman-Jackman entend garder auprès de lui. Jackman lui-même incarne un personnage qui a été marié à une aborigène, qui les côtoient et les considère comme des frères. Alors que partout les indigènes sont exclus et avilis, Baz Luhrmann accorde ainsi son importance au sujet du métissage et du brassage entre les populations. Mais il nous semble qu'il ne s'agit là que d'une métaphore.
Luhrmann parle en fait de son propre film. Western, film de guerre, romance (Out of Africa en référence, Pollack, 1985), film humaniste et identitaire, Australia est un énorme brassage formel. Et à cette macédoine australienne survit miraculeusement une famille séparée puis recomposée, le petit sang-mêlé, le cowboy et la belle anglaise... Luhrmann croit en la magie de Oz ou à celle des peuples indigènes, il fait rouler les tambours et couler les violons jusqu'au dernier baiser et plus encore. Cependant même avec du méta, le réalisateur, qui signe le scénario et " veut se souvenir d'où il vient ", reste très, très indigeste.