Manchester, l’horreur à nouveau

Publié le 23 mai 2017 par Sylvainrakotoarison

" Malheureusement pour nous, nos ennemis ne sont ni fous ni nihilistes. S'ils massacrent, c'est qu'ils adhèrent fanatiquement à une idéologie totalitaire elle-même animée par un projet de société bien précis assorti d'un projet explicite de conquête et de destruction de l'Europe. Nos islamistes ne sont pas plus nihilistes que l'étaient les nazis ou les stalinens. " (Alexandra Laignel-Lavastine, spécialiste du totalitarisme communiste, "Valeurs Actuelles" n°4123, le 3 décembre 2015).

C'est la désolation à Manchester et dans le monde, au petit matin de ce mardi 23 mai 2017. Un nouvel attentat revendiqué par Daech a frappé l'humanité. Cette fois-ci à Manchester, ville britannique d'un demi million d'habitants. Au moins 22 morts, dont des enfants et des adolescents, et une soixantaine de blessés. Une récurrence hélas déjà bien connue. Y a-t-il un seuil à partir duquel la capacité d'indignation et d'épouvante se réduirait ? We are Manchester, pourrait-on tenter de marteler, après Stockholm (le 7 avril 2017), après Saint-Pétersbourg (le 3 avril 2017), après Berlin, après Nice, après Bruxelles, après Paris... et cela seulement en Europe.
L'horreur a eu lieu le lundi 22 mai 2017 à 23 heures 33 (heure de Paris), à la fin du concert de la jeune chanteuse américaine Ariana Grande (23 ans) au Manchester Evening News Arena, une grande salle omnisports inaugurée en été 1995 et pouvant contenir 21 000 spectateurs. La salle était remplie de milliers d'adolescents venus se détendre. Ariana Grande est une chanteuse connue des très jeunes depuis 2008, mondialement connue (106 millions de fans sur Instagram et 46 millions de fans sur Twitter). Elle a décidé d'arrêter sa tournée en Europe. Le carnage a été commis par un kamikaze ceinturé d'explosifs. L'origine terroriste de l'attentat a été confirmée.

Le Président américain Donald Trump, entre autres chefs d'État et de gouvernement, a réagi ainsi, en déplacement en Cisjordanie : " Tant de jeunes gens magnifiques, vivants et aimant la vie, assassinés par des losers malfaisants. Je ne les appellerai pas des monstres, car ils aimeraient trop ce qualitatif. ".
Le Royaume-Uni avait été touché il y a deux mois, le 22 mars 2017, en plein cœur de Londres, sur le pont de Westminster, par un attentat islamiste à la voiture bélier qui avait fait 5 morts et une quarantaine de blessés.
Comme l'ont immédiatement exprimé le Président français Emmanuel Macron et le Premier Ministre français Édouard Philippe, les Français sont particulièrement solidaires de leurs amis britanniques pour au moins deux raisons, en plus de l'horreur humaine qui se suffit à elle-même pour ressentir cette compassion entre humains.
D'une part, la France a, elle aussi, été très touchée par cette vague du terrorisme islamiste, par des massacres de masse à Paris en 2015 et à Nice en 2016, et aussi par des attentats très récents, le 3 février 2017 au Carrousel du Louvre, le 18 mars 2017 à Orly, et aussi à deux jours de l'élection présidentielle, le 20 avril 2017, encore au cœur de Paris, aux Champs-Élysées (l'assassinat du capitaine Xavier Jugelé).
D'autre part, la France et le Royaume-Uni sont, tous les deux, en pleine campagne pour les élections législatives, la France les 11 et 18 juin 2017, le Royaume-Uni le 8 juin 2017, et tout attentat peut éventuellement avoir une conséquence électorale et politique majeure, au-delà des conséquences humaines épouvantables.

L'histoire est toujours tragique. La crainte d'un autre attentat de grande ampleur en France est sans arrêt rappelée depuis deux ans et demi, confirmée, renouvelée. Le nouveau pouvoir exécutif a été conscient de ce risque dès le premier jour. C'est vraiment le moment de rester unis. La campagne présidentielle a façonné une France éclatée et irréconciliable. Le choix porté par les Français a été favorable au rassemblement. Il se traduira inévitablement au parlement à l'issue des élections législatives parce que c'est la volonté présidentielle (que son mouvement contrôle ou pas la majorité parlementaire), et c'est sagesse.
Le Royaume-Uni est probablement l'un des deux piliers essentiels de la défense européenne, avec la France. Coïncidence (ou pas), l'attentat de Manchester a eu lieu le même jour que la décision de la Commission Européenne d'autoriser l'ancien ministre français Michel Barnier à démarrer les négociations sur le Brexit avec la Premier Ministre Theresa May. La décision du Brexit a été le résultat d'un pari raté de David Cameron, une sorte de roulette russe qui devait faire perdre, quel que soit le résultat, la moitié du peuple britannique profondément divisé sur la question européenne.
Le départ du Royaume-Uni pourra peut-être donner plus d'élan pour relancer la construction européenne, mais la vraie relance de cette construction devra se faire sur le thème d'une défense européenne dont la Grande-Bretagne devra être, d'une manière ou d'une autre, partie prenante, en raison de sa puissance nucléaire et de son histoire en Europe.
Qu'on soit pour ou contre l'Union Europe, l'attentat de Manchester montre malheureusement une nouvelle fois que tous les peuples européens, y compris britanniques, sont dans le même bateau. Aucune solution efficace pour lutter contre le terrorisme islamiste ne pourra s'esquisser sans une intégration plus forte des politiques communes européennes sur le renseignement, sur l'immigration et sur les opérations extérieures à la racine de ce terrorisme. Le vrai risque reste la division, tandis que l'unité sera la meilleure force contre un terrorisme islamiste décentralisé et individualisé.
Ce sera peut-être le vrai défi du Brexit : que le Royaume-Uni quitte l'Union économique et qu'il fonde, avec les autres peuples européennes, l'Union de défense qui manque tant au continent.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (23 mai 2017)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
L'attentat de Manchester du 22 mai 2017.
Theresa May.
Le Brexit.
L'attentat de Berlin du 19 décembre 2016.
L'unité nationale.
L'assassinat du père Jacques Hamel.
Vous avez dit amalgame ?
L'attentat de Nice du 14 juillet 2016.
L'attentat d'Orlando du 12 juin 2016.
L'assassinat de Christina Grimmie.
Les valeurs républicaines.
Les attentats contre "Charlie-Hebdo".
Les attentats de Paris du 13 novembre 2015.
Les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016.
Daech.
La vie humaine.
La laïcité.
Le patriotisme.

http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20170522-attentat-manchester.html