Cela fait plusieurs années que Cannes est devenu mon rendez-vous annuel. La première fois que j’y suis allée c’était en 2006. Un pur hasard ou presque puisque j’étais à Cannes pour une année de prépa. Autant vous dire que dès mai arrivé, les colles et autres DST n’avaient plus trop d’importance pour moi. Depuis ce premier festival (et une montée des marches en séance de Gala pour Marie-Antoinette) j’y ai toujours été fidèle. En cinéphile d’abord, puis en ouvreuse du Grand Théâtre Lumière jusqu’à être accréditée au Marché du film, je n’ai jamais raté une édition en 10 ans. 2017 n’a pas dérogé à la règle. Sans accréditation cette fois-ci mais avec la même envie : voir un maximum de films. Chronique d’une journée particulière.
Il me faut commencer par le début : cette petite virée à Cannes était tout à fait improvisée. En vacances chez mes parents à Nice, je lorgnais le programme des diffusions des films cannois. Et après une escapade à Barcelone (dont je vous parlerais plus tard), j’ai bloqué le lundi 22 mai comme déplacement cannois. Au programme 3 films en sélection officielle, que j’ai pu tous voir au Grand Théâtre Lumière avec un peu de détermination et autant de patience.
11h : Happy End de Michael Haneke
C’était le rendez-vous habituel du réalisateur allemand avec son festival chéri (2 Palmes D’Or à son actif). En réunissant sa famille habituelle (Huppert et Trintignant) on s’attendait à un déchaînement des passions précurseur d’un troisième sacre sur la Croisette. Assise au balcon, j’attends donc que le génie opère. Et bien je dois avouer avoir attendu longtemps avant de l’apercevoir. Happy End c’est donc l’histoire de la famille Laurent, bourgeois du Nord de la France qui vont voir leur quotidien quelque peu remué suite à l’enchaînement d’événements fortuits. La déflagration partant d’une jeune fille de 13 ans qui va empoisonner sa mère qui lui empoisonne l’existence (appréciez le jeu de mot). Haneke veut nous parler de l’influence des réseaux sociaux mais s’y prend mal et va noyer son idée de départ dans un film choral trop « Hanekien » pour séduire. Le film, peu lisible, donne l’impression d’une opacité totale entre le réalisateur, ses acteurs et le public autour qui n’est pas invité à cette réunion de famille. Un rendez-vous totalement manqué qui frôle parfois le ridicule.
12h47 : Coucou Jessica !
Le point positif quand on connait bien le Palais des Festivals c’est qu’on connait les endroits de passage des célébrités présentes. En se dépêchant un peu à la fin d’une projection, on peut donc facilement tomber sur les membres du jury. Et cette fois-ci n’a pas manqué j’ai pu faire un coucou à Jessica Chastain, absolument magnifique en vrai et adorable avec ses fans. Une vraie perle.
14h : Mise à mort du cerf sacré de Yórgos Lánthimos
Depuis The Lobser en 2015, je surveille de près le cinéaste grec. Sa sélection en compétition officielle à Cannes a fait une nouvelle fois chavirer le cœur des festivaliers. Pas franchement apprécié en projection presse le même matin, les attentes avaient été revues à la baisse. 1h49 plus tard je me demande ce que la presse n’a pas vu tant le nouveau Lanthimos est énorme. Impossible de vous parler du film qui doit se consommer sans rien savoir. Aussi je vous dirais simplement que la mise en scène est sublime, que le scénario est totalement ingénieux et que l’ambiance lui donne des airs de film d’horreur d’auteur. Quelque part entre Shining et Funny Games. Il faut aussi souligner l’incroyable performance des acteurs, Colin Farrell en tête mais surtout de Nicole Kidman qui n’a plus aussi bien joué depuis… depuis… Dogville ? Les jeunes acteurs sont tout aussi brillants de Barry Keoghan tellement flippant à Raffey Cassidy (la révélation de TomorrowLand). Un vrai choc de cinéma.
16h30 : Le jour d’après de Hong Sang Soo
Peu d’attente vis à vis de ce nouveau film de Hong Sang-Soo, qui tourne plus vite que son ombre (1 à 2 films par an…). Si In Another Country m’avait beaucoup plu, le pitch du jour d’après me plaisait moins. L’histoire est celle d’un directeur d’une petite maison d’édition marié et père de famille qui après avoir eu une aventure avec son assistante, cherche à la remplacer. La nouvelle est là. La femme tombe sur une lettre d’amour. L’ancienne amante revient. Le jeu de l’amour et du hasard peut commencer. Si le cinéma d’Hong Sang-Soo a beaucoup d’atout : minimalisme recherché, caméra figé, scénario autour de quelques personnages… son jour d’après m’aura un peu laissé de marbre. Jouant sans cesse avec le temps (déformé sans cesse) Hong Sang Soo m’aura perdue avec ces chassés croisés amoureux qui n’ont pas de date limite. De quoi veut nous parler le réalisateur ? Du couple ? Du sens de la vie ? Des erreurs qu’on fait encore et encore ? A la sortie de la projection impossible de vous dire, en tout cas, la presse (la vraie) est dithyrambique et parle d’une Palme d’Or…
18h03 : Hola Tilda !
Alors que la salle applaudit encore Le Jour d’après, Tilda Swinton s’éclipse. Se prenant au jeu des selfies, l’actrice est adorable. Moi qui la croyait froide… Dom de Silence Action lui clame même son amour pour Okja, moi j’immortalise simplement le moment.
18h45 : Manger !
En ayant enchaîné 3 films, difficile de trouver 10 minutes pour manger un morceau. C’est aussi ça Cannes, manger une fois par jour à des heures pas possible quand son emploi du temps le permet. En tout cas la pizza de 18h45 passe bien (comme le petit verre de rosé). Il est l’heure de rentrer des images plein la tête et de se dire à mercredi pour retrouver Sofia.