(Archive sonore) Ferdinand de Saussure

Par Florence Trocmé

Hommage à Roman Jakobson, 10 : Les anagrammes de Saussure (1ère diffusion : 17/12/1977)
Lien de l’émission : durée 25’
« En s'interrogeant sur les poèmes latins les plus anciens ("saturniens"), le fondateur de la linguistique moderne, Ferdinand de Saussure, découvre des jeux : allitérations et anagrammes. Saussure ne sait pas s'ils sont volontaires ou inconscients (ce contemporain de Freud ne connaît pas la psychanalyse). Son enquête vers les poètes latins plus tardifs (Virgile) ou des prosateurs (Jules César) montre à Saussure les mêmes jeux qu'il repère également chez les modernes ! Est-il fou ? Voit-il partout des allitérations et des anagrammes parce que c'est son esprit (dérangé ?) qui les voit là où ils ne sont pas ? Saussure écrit son étude avec soin, mais il ne la publie pas : la science de l'époque ne lui permettait pas de présenter une telle découverte "poétique". Ce sont de grands linguistes, Jean Starobinski et Roman Jakobson, qui ont compris que Saussure avait fait, en réalité, une découverte fondamentale : la "Fonction poétique du langage". Il faut maintenant savoir la repérer et exploiter. Tout le monde a sa propre "palette sonore", et celle-ci occupe l'esprit de tout être qui parle, car elle transparaît dans son langage. Il y a l'exemple du "Rêveur de la Licorne" qu'analyse Serge Leclaire, le premier psychanalyste lacanien. Il y a les slogans des publicitaires qui savent s'en servir – ici, le "I like Ike" du président Eisenhower, lu par Jakobson. Et il y a l'usage artistique qu'en font les grands poètes, Baudelaire par exemple. »
Jean-Paul Louis-Lambert