Voyage en Satanie, T1

Par Belzaran


Titre : Voyage en Satanie, T1
Scénariste : Fabien Vehlmann
Dessinateurs : Kerascoët
Parution : Août 2011


« Voyage en Satanie » a connu une vie mouvementée. Prévu comme un diptyque, le premier tome sort en 2011. Puis sortira une intégrale en 2016… Sympa pour les acheteurs du premier bouquin qui ont dû l’avoir mauvaise… On peut remercier Dargaud qui n’est pas allé au bout du projet, ou plutôt Soleil qui a eu le mérite d’offrir une fin à l’histoire… Le tout est scénarisé par Fabien Vehlmann et dessiné par Kerascoët, un duo de choc pourtant !

Un ouvrage doté d’une vraie personnalité.

Charlie, une jeune fille, lance une expédition sous terre pour retrouver son frère Constantin partit faire de la spéléologie à la recherche… d’un monde habité ? Voilà comment commence « Voyage en Satanie ». Sous fond d’histoire familiale, un groupe se retrouve perdu dans les tréfonds de la Terre à la recherche dont on ne sait quoi.

La narration est un long voyage vers les abîmes. Les personnages sont en constant mouvement, s’arrêtant à peine. Les décors changent et évoluent et le groupe se restreint. Perdue dans la recherche de son frère, Charlie ne s’arrête jamais, emportant les autres avec elle. Au fur et à mesure du livre, les choses s’accélèrent, peut-être un peu vite, mais seule la suite nous le dira.

Outre la découverte de la « Satanie », c’est une quête intérieure qui se passe. Charlie cherche son frère, mais elle cherche aussi des réponses sur sa mère et sur elle-même. Les informations, disséminées avec parcimonie, sont régulièrement et intelligemment données par Vehlmann. D’abord traitée indirectement, l’histoire de Charlie prend de plus en plus de place dans l’ouvrage.

« Voyage en Satanie » possède un ton particulier porté notamment par ses personnages. Ce n’est pas vraiment humoristique, ni pleinement dramatique… Il y a une légèreté étonnante dans l’ouvrage étant donné ce qu’il s’y passe. En soit, le livre a une véritable personnalité qui fait plaisir à voir.

En cela, le dessin des Kerascoët participe pleinement à ce ton décalé avec un trait enfantin tranchant avec le sujet. Pourtant, on ne sent pas de décalage particulier, ce qui est une réussite ! Les couleurs magnifiques renforcent l’immersion dans les décors variés, des grottes aux paysages presque oniriques des dernières pages.

« Voyage en Satanie » est un livre particulier. Il possède une atmosphère qui lui est propre, par son dessin comme par ses péripéties ou ses personnages. Comme tout diptyque qui se respecte, c’est le deuxième tome qui devra donner toute la puissance de l’histoire en répondant à nos questions (sans nous décevoir). Mais cette sorte de revisite de la Divine Comédie de Dante (du moins de l’Enfer) est suffisamment réussie pour que l’on passe à côté.