Newton’s Law est une nouvelle série de huit épisodes qui a été diffusée du 9 février au 30 mars sur les ondes d’ABC TV en Australie. D’où le titre, le personnage principal est Josephine Newton (Claudia Karvan), une avocate indépendante qui après un « incident » dans son lieu de travail est recrutée par Knox Chambers, une grosse firme qui s’entiche rapidement d’elle. Les Australiens apprécient manifestement les séries judiciaires et Newton’s Law nous séduit par l’étalage de ses personnages et les sujets qu’elle aborde, sans pour autant brasser la cage du genre judiciaire. En somme, elle se regarde aisément sans pour autant devenir une incontournable.
Le ton du juste milieu
Au moment même où Joséphine a obtenu son diplôme en droit, elle a ressenti ses premières contractions et a accouché quelques heures plus tard de sa fille unique Lydia (Ella Newton), ce qui a quelque peu retardé ses débuts en tant qu’avocate. C’est d’ailleurs pour accommoder tout son entourage qu’elle a décidé d’ouvrir son propre petit cabinet avec à ses côtés Helena Chatterjee (Georgina Naidu) ; une collègue et Johnny Allbright (Sean Keennan) qui effectue pour elles des enquêtes sur le terrain. Au moment où la série débute, elle est en train de plaider en faveur de son client pyromane, mais l’audience ne se déroule pas comme prévu et ce dernier met le feu à son bureau… Immédiatement, Lewis Hugues (Toby Schmitz), un avocat senior qui a toujours suivi sa carrière lui offre un poste chez Knox. Sa présence est d’autant plus la bienvenue que leur cabinet se retrouve dans l’eau chaude. C’est que le petit fils du patron est accusé du meurtre d’un de ses collègues et tous à l’interne ont peur d’assurer sa défense en cour. Grâce à son flair, Josephine réussit à l’innocenter et dans les épisodes suivants, elle a plusieurs cas divers à s’occuper en compagnie de Lewis dont assurer la défense d’un adolescent souffrant de dysphorie de genre ou encore de blanchir la cliente d’un gym accusée d’avoir tué son propriétaire.
C’est via les ondes de Fox que nous est parvenu un aperçu de ce qui a la cote en Australie lorsque la chaîne en 2014 a commandé une version originale de Rake diffusée aussi sur ABC TV. Cette dernière mettait également en scène un avocat au comportement autodestructeur, mais qui grâce à ses éclairs de génie parvenait tout juste à se garder la tête hors de l’eau. Comparé à cette série, Newton’s Law est beaucoup plus sage, mais a la même verve lorsqu’il s’agit de dédramatiser certaines situations. D’ailleurs, la première scène de la fiction est assez révélatrice quant au ton des épisodes subséquents. On a une une gardienne hispanique qui est en train de regarder une telenovela du plus mauvais goût dans son condo lorsqu’elle voit par la fenêtre un homme tomber de la tour à bureau de Knox et un autre s’enfuir des lieux de l’accident. Ici, on assume à 100 % le côté ludique, voire exagéré que l’on tente de mettre en place dès le départ, et ce, malgré l’intensité de la situation. En bref, on ne s’embourbe pas inutilement dans le mélodramatique comme dans How to Get Away With Murder (ABC (US)) par exemple qui nous arrive à une nouvelle tragédie chaque semaine. À l’opposé, les personnages de Newton’s Law se révèlent plus chaleureux que ceux que l’on retrouvait dans la très brève Doubt à CBS. Sinon, on ne passe pas tout un épisode en cour à s’affronter dans une guerre d’avocats comme dans la très glaciale et beaucoup trop procédurale Chicago Justice de NBC.
À l’opposé, quand vient le temps des procès, on a droit à un scénario crédible et même touchant par moments, comme au deuxième épisode lorsque leur client Sam Chen (Opal King) doit témoigner en cour. S’étant fait prescrire des hormones pour changer de sexe, il a cependant besoin du consentement de ses parents puisqu’il est mineur, ce qui ne risque pas de se produire à en juger par l’attitude de son père Gang (Anthony Brandon Wong). Pourtant, celui-ci fait part d’une certaine ouverture d’esprit lorsqu’il raconte qu’avec son frère Jiao (Ed Deganos) ils ont quitté leur village natal après que l’on ait découvert l’homosexualité de ce dernier. C’est qu’on a essayé de le « guérir » là-bas à coups d’électrochocs et qu’ils ont pu trouver refuge par la suite en Malaisie. Ce qui au départ nous semblait comme un procès où le noir et le blanc s’affronteraient est finalement ponctué de zones grises. Cette répartie, on la retrouve dans plusieurs intrigues au cours des trois premiers épisodes, ce qui apporte un charme supplémentaire à la série.
Une femme exemplaire
Avocate hors pair lorsqu’il est temps de défendre les grands de ce monde, ce n’est pas parce que Josephine a intégré l’équipe de Knox qu’elle est prête à négliger les petites gens pour autant. En effet, après l’explosion de son bureau, elle tente avant tout de trouver un nouvel emploi à Helen et Johnny, mais la première est d’une timidité maladive tandis que le second ne fait pas bonne impression. Qu’à cela ne tienne : elle décide d’ouvrir un deuxième cabinet… Dans le stationnement de son actuel bureau où se trouve un lave-auto si bien qu’elle utilise plus que les autres l’ascenseur pour défendre la veuve et l’orphelin. Encore une fois, c’est le ton léger qui nous fait avaler une telle probabilité et tout compte fait, les clients dont s’occupent les collègues de Josephine se rapprochent plus du commun des mortels que ceux dont elle a la charge « en haut ». Et aussi surprenant que celui puisse paraître, notre super-avocate a de plus le temps de s’occuper de sa fille qui ne lui rend pas toujours la tâche facile. C’est qu’au second épisode par exemple, elle est accusée d’avoir vandalisé l’automobile d’un riche promoteur alors qu’elle manifestait avec son père Callum (Brett Tucker) contre la construction d’un important projet immobilier. Là encore, Josephine accourt à la rescousse et ramène l’harmonie à la maison. Un exemple de femme qui parvient habilement à concilier travail (deux fois plutôt qu’un) et famille ? Assurément. Un portrait réaliste ? Absolument pas. On est en fiction après tout…
Malgré un ton peu prétentieux et rafraîchissant, le charme n’aura pas opéré. Le premier épisode de Newton’s Law a attiré 695 000 téléspectateurs : un résultat moyen puisque durant la soirée du 9 février, elle s’est classée quatrième en termes d’audience derrière ses concurrents privés (Nine, Seven et Ten Network). La finale de la série en a rassemblé 460 000, ce qui est trop peu pour le diffuseur public. Peu de chance donc qu’une seconde saison soit commandée.
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