C'est un film foisonnant mais très
morcelé, les scènes arrivent avec brutalité sans transition dans
un désordre géographique et chronologique dérangeant. Le
réalisateur a appliqué dit-on le mode « compressé » du
peintre Jackson Pollock à sa façon de nous déverser des bouts de
film que l'on a du mal à raccorder . Mais la version longue du
film qui va sortir dans quelques salles seulement nous permettra
peut-être d'être moins désorientés.
Le lien est le personnage central,
Ismaël Vuillard que l'on retrouve après Rois et reine. Mathieu
Amalric en reprend le rôle, brutal lui aussi, déjanté, malade d'un
syndrome qui lui donne des cauchemars ; il incarne le créateur
artistique , ici un réalisateur de cinéma génial mais
incontrôlable qui ira même jusqu'à tirer sur son producteur et ami
qui exige qu'il termine son film (excellent rôle pour Hiyppolyte
Girardot qui nous permet enfin de sourire un peu dans ce film grave
et même oppressant avant son entrée en scène).
On retrouve néanmoins Arnaud
Despleschin tel que l'on attend dans les scènes intimistes de
couples et spécialement la double image superposée des deux femmes
Charlotte Gainsbourg et Marion Cotillard photographiées avec poésie,
amour et recherche (la scène de danse est magnifique, les jeux de
glace et de face à face sont beaux et amènent une note plus
apaisée).
Le rôle de Louis Garrel, méconnaissable en diplomate
improbable dans la fiction sous le nom de Ivan Dédalus (patronyme
du personnage central de Comment je me suis disputé...) incarne
le frère d’Ismaël et nous emmène ailleurs comme le
cinéma dont le réalisateur dans ce film semble avoir voulu nous
montrer tout le potentiel et nous renvoie à ses références
(Resnais, Hitchcock, Bergman....)! Nombrilisme, intellectualisme
reprochent les critiques des spectateurs....