Revenu blessé de la guerre de Sécession, Dan Evans a établi sa famille dans un ranch. La sécheresse a ravagé ses terres, décimé son troupeau et miné la considération que lui portent sa femme et ses enfants, en particulier son aîné Will, âgé de 14 ans. A la suite d'une attaque de diligence, le célèbre bandit Ben Wade passe par la ville de Bisbee où il est arrêté avec le concours fortuit de Evans. Recherché pour ses hold-up et ses meurtres répétés, Wade doit être convoyé vers Contention, à trois jours de cheval, pour embarquer sur un train à destination de Yuma, où se trouve le tribunal fédéral. Contre une prime qui peut sauver son ranch, Dan Evans s'engage dans l'escorte qui doit accompagner le dangereux criminel. Il est bientôt rejoint par son fils Will, fasciné par l'aura du tueur.
Tandis que son gang organise son évasion, Wade engage sur le chemin de Contention un bras de fer psychologique avec ses gardiens, usant à la fois de la peur qu'il leur inspire et de la séduction qu'il exerce sur eux...
A l'époque de sa sortie en salles, j'avais vraiment envie de découvrir ce " 3H10 pour Yuma " mais par manque de temps, je n'y étais pas parvenu. Du coup, lorsque j'ai eu l'idée de me lancer dans un cycle cinématographique consacré aux westerns, ce film n'a pas mis longtemps à atterrir dans ma liste de films à voir. Profitant du fait que j'ai découvert le film d'origine il y a peu de temps, j'ai enfin pu me plonger dedans avec un certain plaisir.
Globalement, le film est assez fidèle à l'image que je m'en faisais. Le scénario écrit par Halsted Welles, Michael Brandt et Derek Haas, d'après la nouvelle d'Elmore Leonard, est efficace et reprends bien les différents éléments que l'on est en droit d'attendre d'un western. De même, malgré le fait que cette nouvelle lecture propose des petits changements comparé au film d'origine, on reste quand même dans l'ensemble sur le même chemin avec le même départ, la même destination ainsi que les mêmes obstacles.
Du coup, il n'est pas vraiment surprenant que j'apprécie ce long métrage de la même manière que le film de 1957. Je trouve que c'est divertissant, il y a même ici davantage de rythme, ce qui n'est pas négligeable et bien que classique, ça marche. Cependant, alors que je trouvais le scénario de 1957 maladroit par moment, je trouve que cette nouvelle version est encore plus légère en termes de crédibilité.
Beaucoup moins psychologique également dans sa relation entre Ben Wade et Dan Evans, j'ai trouvé qu'il y avait ici un enchainement de certaines situations qui fonctionnait encore moins bien. Si je pouvais mettre ça sur le dos de l'époque dans le film d'origine, j'ai eu un peu plus de mal à trouver des excuses à cette nouvelle version. Rien que la fin (alors qu'on reste pourtant sur la même chose dans les grandes lignes) est à elle seule si peu crédible que je me suis senti déconnecté du récit. Je l'ai apprécié mais ça ne va pas plus loin malheureusement.
Pourtant, devant la caméra, on a un beau duo d'acteur. Christian Bale (Dan Evans) s'en sort bien dans ce registre. Je ne suis pas spécialement un fan du comédien mais il tient bien son personnage. J'ai même trouvé cela intéressant l'image du père, du héros et de l'homme qu'il souhaite être pour sa famille. Le traitement parait parfois grossier mais il y a néanmoins une certaine tendresse que l'on peut avoir à son égard.
Face à lui, Russell Crowe (Ben Wade) est lui aussi très bon. A l'inverse de son prédécesseur dans le film d'origine, j'ai trouvé que l'acteur était moins imprégné par son personnage, qu'il l'interprétait de façon un peu trop facile, à la limite de la caricature. Cela reste bien compensé néanmoins par un charisme naturel qui fait que même dans la peau du méchant de service, on a envie de l'aimer.
Pour le reste du casting, derrière c'est davantage de la figuration. Chacun tient sa place c'est déjà ça mais comme la version de 1957, c'est surtout le face à face entre ses deux personnages qui est vraiment intéressant. Logan Lerman (William Evans) est peut-être un peu trop léger mais ça colle avec l'âge de son rôle. Ben Foster (Charlie Prince), en fait quant à lui des tonnes mais je trouve que cela reste fun donc ça ne m'as pas dérangé pour autant. Notons que la distribution est quand même plaisante avec Peter Fonda (Byron McElroy), Kevin Durand (Tucker), Vinessa Shaw (Emmy) ou encore Alan Tudyk (Doc Potter).
La mise en scène de James Mangold est sinon assez classique. C'est très appréciable à suivre, c'est dynamique malgré quelques longueurs parfois et le montage fait que le divertissement est fluide. Maintenant, il n'y a pas de grandes folies ou de grandes nouveautés non plus à l'horizon. On est dans un schéma qui ne prend pas de risque et j'ai connu le metteur en scène déjà plus inspiré par le passé.
J'aime bien en tout cas les différents décors. Ils sont assez sympathique tout comme les costumes et les paysages même si j'aurais aimé une identité un peu plus forte. La photographie est belle aussi même si il y a quelques passages qui commence déjà à prendre un petit coup de vieux à mes yeux. La musique composée par Marco Beltrami accompagne bien le tout.
Pour résumer, j'attendais sans doute quelque chose de plus fort et de plus tendu avec ce remake de " 3H10 pour Yuma ". Plus maladroit dans son scénario et sans grandes originalités ou autres prises de risques, cette nouvelle vision reste dans le cadre. C'est un peu plus rythmé que son prédécesseur, l'interprétation est vraiment bonne et on est dans le western classique. Sans être une claque, le film remplit bien son cahier des charges et je pourrais le revoir avec plaisir sans pour autant me ruer dessus. Plaisant mais légèrement frustrant aussi par moments...