Aujourd'hui, à 18 heures 30, a lieu, à La Fondation Martin Bodmer, dirigée par Jacques Berchtold, le vernissage de l'exposition Germaine de Staël et Benjamin Constant - L'esprit de liberté.
Les deux commissaires de cette exposition sont Stéphanie Genand, présidente de la Société des études staëliennes ( Paris) et Léonard Burnand, directeur de L'Institut Benjamin Constant (Lausanne).
Cette exposition commémore le 200e anniversaire de la mort de Germaine de Staël et le 250e anniversaire de la naissance de Benjamin Constant.
Portrait de Benjamin Constant (vers 1815) par un anonyme et de Germaine de Staël en Corinne au Cap Misène (1808) par Elisabeth Vigée-Lebrun
Germaine de Staël et sa fille Albertine, par Elisabeth Vigée-Lebrun
Germaine de Staël et Benjamin Constant sont deux enfants des Lumières. Ils forment un couple en révolution, qui regrette la bonne, celle de 1789 et de la première Déclaration des droits de l'homme, et rejette la mauvaise, celle de 1793 et de la Terreur. Ils sont tous deux écrivains et ont laissé des écrits intimes.
Engagement réciproque
L'exposition expose justement de tels documents, et notamment l'engagement réciproque entre ces deux figures majeures de l'histoire littéraire et politique (avril 1796):
Nous promettons de consacrer réciproquement notre vie, nous déclarons que nous nous regardons comme indissolublement liés, que notre destinée, sous tous les rapports, est pour jamais en commun, que nous ne consacrerons jamais aucun autre lien, et que nous resserreront ceux qui nous unissent, aussitôt que nous croirons le pouvoir.
Je déclare que c'est bien du fond de mon coeur que je contracte cet engagement, que je ne connais rien sur la terre d'aussi aimable et d'aussi bon que Mad. de Staël, que j'ai été le plus heureux des hommes pendant les quatre mois que j'ai passés avec elle, et que je regarde comme le plus grand bonheur de pouvoir rendre la sienne heureuse, vieillir doucement avec elle, et arriver au terme avec l'ame qui me comprend et sans laquelle il n'y aurait plus pour moi aucun interet aucune emotion [sur] cette terre.
Benjamin Constant
Benjamin tient son journal intime dans le plus grand secret et pour être sûr qu'il soit bien gardé, il le rédige en caractères grecs...
De nombreuses éditions rares et précieuses des écrits de l'une ou de l'autre sont exposées: ci-dessus deux exemplaires de l'édition de Londres, de De l'Allemagne, livre écrit par Germaine, les exemplaires de l'édition de Paris ayant été détruits sur ordre de l'empereur Napoléon 1er ...
Pour les participants au Colloque sur l'actualité de Benjamin Constant, dont j'ai rendu compte sur ce blog les 7 mai 2017 et 9 mai 2017, une vitrine est consacrée à La liberté en tout, ce qui rappelle le fameux texte de Benjamin Constant dans Mélanges de littérature et de politique.
Dans ce texte, Benjamin Constant disait:
J’ai défendu quarante ans le même principe, liberté en tout, en religion, en philosophie, en littérature, en industrie, en politique : et par liberté, j’entends le triomphe de l’individualité, tant sur l’autorité qui voudrait gouverner par le despotisme, que sur les masses qui réclament le droit d’asservir la minorité à la majorité.
Un regret: dans cette vitrine sur La liberté en tout, il est question d'ouvrages sur la liberté de la presse, sur l'abolition de l'esclavage, sur la liberté politique etc. ce qui est très bien, mais la liberté économique, défendue également par Benjamin Constant, est pudiquement ignorée, sans doute parce que ce n'est pas très culturel, ni tendance...
Francis Richard
Germaine de Staël et Benjamin Constant - L'esprit de liberté:
Dates:
Du 20 mai au 1er octobre 2017
Horaires:
Du mardi au dimanche, de 14h à 18h
Fermé le lundi
Nocturnes culturelles jusqu'à 21h chaque premier mercredi du mois
Lieu:
Fondation Martin Bodmer
Route Martin-Bodmer 19
1223 Cologny (Genève)
Tél.: +41 (0) 22 707 44 33