Comment l'empereur Moctezuma II avec des troupes si puissantes, qui connaissent le terrain mieux que leurs ennemis, plus nombreuses avec un excellent moral a-t-il abdiqué devant une poignée d'Espagnols démoralisés. On parle de cinq cent à six cent Espagnols contre deux millions d'Aztèques et malgré cet écart énorme, la défaite militaire a bien eu lieu et la conquête rapide de l'empire fut accomplie.
Les explications des historiens sont pléthoriques pour justifier la défaite.
On cite par exemple l'utilisation des armes a feu que les Aztèques découvrirent, incrédules a leurs dépens (environ 80 arbalétriers et arquebusiers et environ une dizaine de canons étaient a la disposition de Cortes) et du cheval encore inconnu des Aztèques qui permettait de parcourir de grandes distances et d'occasionner ainsi une domination au combat. On cite aussi les multiples alliances de Cortes avec les différents peuples opprimés par les Aztèques et par leur religion cruelle de sacrifices humains et ainsi, on comptait 10 000 alliés indiens (en majorité des Tlaxcaltèques) dont le nombre atteignit 25 000 lors de l'assaut final sur la capitale Tenochtitlan. C'est de bonne guerre, quand on veut abattre son ennemi, il n'y a pas mieux que de se servir de son frère. Ainsi, chez moi, en Kabylie, un Kabyle tourmenté et opprimé ne peut l'être que par ou grâce à son frère Kabyle.
On cite aussi une autre cause du désastre qui avait rapport au fléau de la maladie de la variole causée par la rupture volontaire de l'arrivée d'eau potable sur la ville assiégée par un blocus terrestre et maritime de plusieurs semaines. Alors lorsque Cortés et ses hommes donnèrent l'assaut final, il y avait déjà eu beaucoup de morts dans le camp Aztèque.
Pourtant malgré toutes ces interprétations, et d'autres encore qui m'échappent, il y a cet éclaircissement qui retient l'attention et qui relève beaucoup plus du métaphysique, de l'abstrait, que des thèses historiques. Comment un si puissant empire Aztèque a-t-il succombé devant une poignée d'Espagnols ? Napoléon Bonaparte a dit un jour : " il n'y a pas de mauvais régiment, il n'y a que de mauvais colonels ".
Et c'est alors que l'empereur Moctezuma II est désigné par une autre catégorie d'historiens comme le seul grand responsable du cataclysme, marqué par sa vision des vaincus, ses terreurs superstitieuses et sa passivité légendaire, convaincu par les thèses trompeuses de sa religion qui pour lui ne peut qu'être juste. Dans la vie, parfois, il faut laisser se dérouler le cours des choses et vouloir trop prévenir et prévoir, organiser, prophétiser et tout prédire peut mener à des visions erronées. Un proverbe kabyle dit a peu près ceci : " il n'y a pire qu'un jugement erroné mais plaisant ". Ainsi l'empereur fut la victime de cette religion dont les mythes annonçaient la fin de l'ère Aztèque et le retour du dieu Serpent à Plumes en la personne du général espagnol Cortes. Moctezuma II fut prisonnier de ces mythes des ères et des soleils qui déclinent, des Mexicas errants pauvres mais vaillants qui acceptent la défaite mais qui resurgiront.
Mais, faut-il le souligner, Moctezuma II n'était pas du tout dans cet esprit de défaitisme alors qu'il montait sur son trône en 1502 et qu'il devenait au fil de son règne le personnage le plus fascinant de l'Amérique précolombienne.
Il est peut-être ainsi converti, son pouvoir démuni de raison et sa sagesse défigurée, par la force des coups qu'il a du affronter, le dernier coup étant celui d'assister a la destruction de Mexico et a la fin de la civilisation Aztèque.
Cette grande civilisation a effectivement disparu et je ne puis m'empêcher de faire un parallèle avec le Mektoub et consorts qui font que cette autre ancestrale et grande civilisation Amazighe est en train de disparaitre indubitablement là sous nos yeux, en attendant que des historiens puissent en expliquer la défaite.