J'aurais pris un jour de congé à l’école de ski, il faisait très beau en cette fin d'avril et la neige était encore assez bonne le matin. Si j'avais pu, je l'aurais amené à Avoriaz, là où je travaillais, nous aurions pris le téléphérique (cela se passait en 1971) et aurions fait deux ou trois pistes sur sur Arare, tout au sommet, puis aurions déjeuné au Pas-du-Lac, le seul grand restaurant sur les pistes à cette époque. Nous aurions chacun prit un steak-frites arrosé de vin rouge.
Nous aurions vraisemblablement discuté s'il était prudent de finir notre journée en skiant jusqu'aux Prodains, au bas du téléphérique, mais nous aurions décidé de reprendre la benne vers le bas. Mon père aurait été fatigué et ne voulait pas se faire mal.
Son corps avait vieilli beaucoup plus vite que le mien en raison de tous les travaux pénibles qu'il avait accumulé tout au long de la vie, de son alimentation peu équilibrée et du peu de soin qu'il avait prit de lui. Quand j'y pense, j'avais eu une sacrée chance d’être né après la guerre.