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Elliott Covrigaru, compositeur, scénariste et réalisateur, a choisi d’adapter au cinéma « Venise sous la neige », une comédie théâtrale éponyme.
Elliott, vous êtes compositeur de formation. Vous avez été élevé dans le milieu du cinéma. Votre grand-mère, Véra Belmont, est une grande réalisatrice et productrice française. Comment passe-t-on de la composition à la réalisation ?
Véra m’a toujours encouragé. Dès qu’elle a su que je souhaitais me diriger vers le cinéma, elle m’a dit : « Si tu veux faire, il faut que tu fasses. » Ce qui veut dire, si tu veux te lancer dans ce métier, il n’y a rien de mieux que de mettre les mains dans le cambouis, de se confronter au terrain, à la pratique. Sur un plateau, il y a une vie, un dynamisme. On n’apprend pas cela dans les livres.
J’ai eu la chance de pouvoir mettre le pied à l’étrier très jeune. J’ai commencé par écrire des musiques pour des courts-métrages. Et puis, en 2013, j’ai écrit le scénario et la musique de Tout pour grand-mère. C’est ainsi que j’ai abordé à la fois la mise en scène de cinéma et la musique de film.
Véra est là à toutes les étapes des projets, avant, pendant et après. Je profite de ses cinquante années d’expérience dans le cinéma. C’est une vraie richesse pour moi. J’aurais tort de m’en priver !
Comment vous est venue l’idée d’adapter Venise sous la neige, pièce de Gilles Dyrek ?
Sur les conseils d’un ami (qui sait mon intérêt pour l’humour grinçant), je suis allé voir la pièce avec Véra. J’ai eu un vrai coup de cœur. On s’est ensuite demandé si cela ferait un bon film. La réponse étant oui, nous sommes entrés en contact avec Gilles. C’est parti comme ça.
J’ai commencé à écrire l’adaptation de cette comédie (en un acte) en septembre 2013. Mais, je ne travaille jamais seul. J’ai besoin de confronter mes idées à celles des autres pour avancer.
Avec Véra, nous avons fait des choix d’adaptation, car toute adaptation est subjective et parti pris. En effet, ce qui marche au théâtre ne fonctionne pas forcément au cinéma, et vice versa. Au théâtre, le public est disposé à rire, il est venu pour ça. Il est sans médiation. Au cinéma, c’est une autre démarche.
J’ai d’ailleurs eu cette conversation avec Gilles Dyrek qui demandait pourquoi nous avions laissé tomber telle ou telle scène. Toutefois, il nous a laissé carte blanche. Il n’a pas souhaité intervenir par manque de recul sur son propre travail.
Comment avez-vous choisi les acteurs ? Vous aviez des idées dès le départ ?
Arthur est le premier auquel nous avons pensé. Je voulais absolument travailler avec lui. C’est un acteur très talentueux. Je l’avais vu au théâtre et c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup.
Ensuite, c’est lui qui nous a parlé d’Olivier Sitruk.
En ce qui concerne les deux actrices, Juliette Arnaud et Élodie Fontan, nous avons fait un casting.
La démarche d’Élodie m’a plu car elle est de suite allée voir la pièce quand nous lui en avons parlé. Quant à Juliette, elle m’a dit qu’elle se débrouillait très bien « dans le jeu sans ballon », à savoir le jeu sans paroles. En effet, dans le film, elle ne parle pas beaucoup mais elle arrive à faire passer de multiples sentiments.
Qu’est-ce que vos acteurs pensent de vous ?
Sur un plateau, je dois avouer que je ne rigole pas. Mes acteurs se marrent, moi non. Je suis dans la retenue. Je n’y peux rien, je ne suis pas expansif. C’est mon caractère.
On m’a aussi un peu reproché de ne pas assez montrer lorsque je suis content ou satisfait. Arthur m’a même dit qu’on avait l’impression que je faisais constamment la gueule. Je tiens à rassurer tout le monde : je ne fais pas la gueule. Je suis juste concentré.
Il faut vraiment que je m’améliore sur ce point, car les acteurs ont besoin d’être rassurés sur leur travail, sur ce qu’ils donnent.
Comment avez-vous trouvé les financements ?
Véra était en contact avec la personne qui s’occupait des programmes de France 3. Ce dernier avait vu la pièce de Gilles et mon court-métrage. Il a été conquis par le scénario.
Ensuite, on a eu la chance d’avoir de gros financeurs et sociétés de production comme France 3, le groupe AJL de Jean-Luc Azoulay, …
Vous composez toujours ?
Tout à fait. Pour Venise sous la neige, j’ai fait la BO avec Stéphane Peyrot, mon arrangeur. Je tiens d’ailleurs à souligner qu’il a fait un travail extraordinaire sur ce projet.
Vous êtes déjà sur autre chose ?
Oui… Je suis au tout début d’un nouveau projet. Ce sera un drame, mais je ne vous en dis pas plus.
Venise sous la neige : date de sortie le mercredi 17 mai 2017
De Elliott Covrigaru
Avec Élodie Fontan, Arthur Jugnot, Juliette Arnaud, Olivier Sitruk