Dyane jaune
Valises entassées
dans la Dyane jaune.
Départ à l’aube
pour des vacances
tout en bas
de la France
au sommet
des Pyrénées.
Tout au long de la route,
la seule musique
du moteur,
citron aigu pressé
en continu dans nos cages
à miel
au fond du pot
de l’abeille au vol lent de papa
et maman reine
du panneau loupé au tournant,
et nous,
sur la banquette en skaï
toute brûlante
de notre impatience,
qui rivions par moments nos quinquets
aux nuages,
aux formes et visages révélés,
qui filions, de la sorte,
sans le savoir,
la métaphore, pour dépasser les bornes.
.
Miroir
Elle revient
sur la feuille,
la voie ferrée
sous le pont.
Rails, chemin
de traverse,
mon regard
se projette
train loin derrière
où l’été brûle
le garde-fou, la fleur
de peau, mon regard
poursuivant le
train loin devant.
Elle revient
sur la feuille,
la voie, forêt
d’émotions.
.
Oasis
Dans la pénombre,
dans le feutré,
sous un amoncellement
de draps et couvertures
maintenus grâce à des chaises
au-dessus de nos têtes,
nous étouffions joyeusement de lenteur ;
et sans doute, même,
fûmes-nous caravane
dévalant vaste étendue de sable et ciel
enfouie dans les plis d’un seul
instant.
.
Rideau
Es-tu sûr ?
le veux-tu vraiment ? –
Et voici que je m’en-
gage avec elles
et eux dans le hall.
Du temps
qui s’étrange,
m’étrangle,
je descends
– l’escalier.
Derrière le rideau,
sur la table,
peau de neige,
pantalon noir,
pull à col roulé violet
pour camoufler
– traces…
Derrière le rideau
de mon cœur,
ce dernier baiser
sur ton front cerné
d’oiseaux sauvages
et cette plaine
– où ma peine
sans ailes.
.
R12
Rouge
la R12
de ton oncle.
Rien
ne la distinguant
des autres,
n’était, peut-être,
cette antenne –
digne d’un James Bond,
télescopique,
à commande électrique,
fixée sur l’aile arrière gauche –
devant laquelle
tes billes blanches
et vertes
roulaient, grisées,
des mécaniques.
.
Tours de piste
I
Adolescence,
hiver,
autos tamponneuses,
Gauquelin Despallières .
Quelque chose à dire.
Je ne sais quoi.
Alors je creuse
autour de cette idée-là :
Adolescence,
hiver,
autos tamponneuses,
Gauquelin Despallières…
Alors je guette
un choc, un déclic,
entre les mots rompus
aux tours de piste :
Adolescence,
hiver,
autos tamponneuses,
Gauquelin Despallières…
…/…
…/…
Entrain fantôme…
je repars de là,
à peine étourdi,
sans d’autres jetons
à glisser, ce coup-ci,
dans la fente
de la machine
à poémer le temps.
II
A quelques jours
de Noël,
vingt ans plus tard
environ,
un manège
sur la place,
le même
à peu près
ainsi
que le froid
qui sévit
et saisit,
à cet instant
précis,
mots et visage
à une ride
près.
Place Gauquelin Despallières à Bayeux appelée aussi Place aux cochons par les gens du coin.
.
Extrait de « Sous la cognée » – éd. Voix Tissées – 8€ (+ 1 de port)
105, avenue Aristide Briand – 92120 Montrouge
http://www.voix-tissees.com
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