Puis-je entrer
des êtres regardant le champ
comme des hommes : blé, vent
& la soie rouge des pensées
A perte de vie
(Pour chaque corolle)
Un espace se disjoint
Silence sur tes yeux
sur le front du hasard
je tresse une couronne de
coquelicots
avec un seul fil : blé, vent
qui s’engouffre à l’infini
.
*
.
(Nourri d’hommes et de pierres)
Le vent écrase la pluie sur un cheval de trait
fourre dans sa bouche les restes de l’eau paisible
j’ai
aperçu l’attente
A travers son visage
pareil au Rocher supportant le tertre
Rien ne te délivre
.
*
.
L’ombre est lente et j’erre
sous l’eau brisée
Mes mains sont des mots
Un nom coupé s’efface sur le livre des morts
Aujourd’hui comme hier arrachant
La peur qui soustrait l’enfance
& l’enfant regarde
Une libellule
Au bord de la rivière
Un sourire flotte
.
*
.
Rivages, caveaux de l’esprit
Le pas du cheval sur
le sable gris
soulève des appétits de carnage
Dans le reflet du monde
Mes pas n’oublient pas l’empreinte
Un vieil homme la mère peut-être aura marché
Les bras croisés derrière mon dos
Désirant vivre
j’avale des cendres
.
*
.
Derrière le soir
je n’attends pas de nouveau pays
Devant moi se dresse une montagne de feuilles sèches
elles s’enchevêtrent autour de mes veines. Je ressemble à l’exil
Au-milieu du silence
je ressemble au bois qui ruisselle
il contient et ne contient pas
la route vide
est-ce au-dessus du vide
J’attends ce qui jaillit
.
Sophie Brassart : Plasticienne et poète, travaille le geste poétique à l’encre; vit à Montreuil.
Les travaux sont visibles sur son blog Toile poétique (http://graindeble.blogspot.fr), sur le site Toile sonore (www.toilesonore.com) ainsi que dans plusieurs revues de poésie contemporaine.