Gustave Klimt « Musique »
Il y a un lieu qui rassemble dans les cieux les musiciens morts avant de devenir vieux, ceux qui disparaissent avant quarante ans, et que leur génie rend immortels.
Pergolese en est le benjamin. Marie par son instinct de mère a un petit faible pour l’Italien. Quand on joue son Stabat Mater, elle l’écoute debout sous le charme sans pouvoir retenir ses larmes.
Quand Pergolèse vint, Purcell était déjà là en habit de cour après avoir quitté ses rois.
Entre composteurs lyriques ils se sont vite compris, et les deux s’inclinèrent quand Mozart arriva. Le grand Mozart déjà grand lorsqu’il était petit, tiré d’une fosse commune après qu’on l’eùt trouvé là où les croquemorts sous la neige l’avaient égaré
Schubert bohème et fidèle en amitié hésita à quitter le cimetière de Vienne où il était enterré près de son cher Beethoven. Lui qui n’avait pu partager de grand amour, lorsque le délicat Chopin arriva à son tour, il lui fit raconter sa passion pour Maria dont la maternelle George Sand le consola
Mendelssohn venu peu avant, en homme raffiné les écoutait poliment.
Le dernier arrivé parmi eux fut Bizet trois mois après la création de Carmen, le temps que les critiques se déchaînent sur l’opéra qui allait triompher peu après.
Sur les portées des étoiles filantes, les musiciens aux chants inachevés composent les musiques enivrantes qu’ils n’ont pas eu le temps de créer. C’est ainsi que devant un ciel étoilé, devant l’orange d’un coucher de soleil, devant l’amour des amants, dans le rire des enfants, en tendant bien l’oreille on entend, venues des nues, des musiques inconnues.