A Rennes, l’association My Human Kit a ouvert en début d’année le Humanlab, un projet inspiré des fablabs proposant à des personnes en situation d’handicap de “se réparer”.
Et si nous posions un regard différent sur le corps et ses handicaps ? C’est en tout cas l’ambition de l’association My Human Kit (MHK) qui entend fédérer toute une communauté autour de la dimension humaine et sociale du handicap. Pour ce faire, elle a créé en début d’année, l’Humanlab, un atelier utilisant le numérique pour permettre collectivement l’autoréparation des humains sur le modèle des fablab. Le terme ici de réparation n’est pas choisi au hasard, bien qu’il puisse surprendre au premier regard. En effet, la notion de réparation est souvent intrinsèquement liée à celle de résilience. L’idée que l’homme est une chose qui peut être réparée, corolaire à la célèbre citation de Nietszche selon laquelle « l’homme est quelque chose qui doit être surmonté », est une source d’espoir et d’empowerment pour les personnes en situation d’handicap. Pour l’association, « faire partie de sa propre solution en la fabriquant est une clé de la transformation de sa limitation en motivation. C’est ce que nous appelons “l’handicapowerment” et qui nous démarque d’un laboratoire de recherche et développement uniquement tourné vers la performance technique. ». Aussi en retournant le paradigme attenant au handicap, en faisant de ces personnes des acteurs et non des agents passifs, l’association entend redonner une capacité d’agir et une capacité de se revendiquer dans un monde rendu parfois plus hostile. Aussi, le handicap qui les empêche devient une force d’action sur son propre corps.
A l’origine de ce projet, Nicolas Huchet, amputé de l’avant-bras droit en 2002 à la suite d’un accident du travail. En 2012, il a collaboré avec un sculpteur rennais pour concevoir un prototype de main bionique bon marché commandable par des capteurs musculaires. Aujourd’hui, son atelier numérique de santé s’appuie sur les nouvelles technologies comme l’imprimante 3D pour parvenir à offrir des solutions au grand public pour agir sur le handicap. Ce laboratoire, ouvert à tous, permet en outre, en s’appuyant sur l’open source, de fabriquer ses propres prothèses de main bionique. MHK revendique en outre « l’utopie d’une dissémination rapide des méthodes d’accueil, de médiation, et des aides techniques au handicap ». En effet, ces espaces de fabrication sont conçus comme des espaces de rencontre et d’échange pour pouvoir à terme constituer un réseau global d’entraide et de prototypage. Et si l’homme augmenté était en définitive rien d’autre qu’un homme réparé ?