La part de .. ma mère

Par Apollinee

 En ce jour qui célèbre la fête des mères, en Belgique, j'ai retranscrit à la volée et à votre attention spéciale, ce très beau portrait, signé Magyd Cherfi:

  

(…) C’en était trop. Mais comment faire face à cette femme sans âge, sans sexe et sans mémoire, qui voulait tout reconstruire à travers moi comme un premier jour du monde. Elle n’avait pas été, il lui fallait être et c’est moi qui devais couper le cordon, lui donner vie, la faire renaître. Comment faire face à cette femme qui avait vendu le paradis pour un diplôme. Tout le monde ne le fait pas. Tous ses bijoux fondus chez le bijoutier pour m’assurer des cours particuliers de maths, des cours d’anglais, de français,  sans compter le budget cacahuètes et menthe et thé pour accueillir le beau monde (…) Dans ma cité, fallait le faire, sacrifier l’allocation familiale et le reste de la  fratrie en assumant l’inégal traitement. Il fallait du courage pour annoncer : « Je ne peux pas le faire pour tous, alors, je mise sur un seul. Elle disait aussi : « il ne suffit pas d’avoir une mère, il faut qu’elle soit sa mère. »   

Ma part de Gaulois,  Magyd Cherfi, récit,Ed. Acte Sud, août 2016, 272 pp. Audilolib, avril 2017, texte intégral lu par Magyd Cherfi, durée : 6h 14 minutes