Ce nouveau livre, écrit à la première personne, fait vivre au lecteur toutes les étapes du travail de deuil, qu'on ne traverse pas à la même vitesse) mais qui suit le même processus, qu'il s'agisse de la perte d'illusions, d'un travail, d'un proche.
Et cela peut prendre beaucoup de temps avant que l'on comprenne qu'accepter de laisser partir quelqu'un ne signifie pas arrêter de l'aimer (p. 411) et surtout (p. 437) combien le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie.
Je ne t’aime plus. Il aura suffi de cinq mots pour que l’univers de Pauline bascule. Installée avec son fils de quatre ans chez ses parents, elle laisse les jours s’écouler en attendant que la douleur s’estompe. Jusqu’au moment où elle décide de reprendre sa vie en main. Cette jeune femme fait preuve de beaucoup d'expérience. Les grandes théories ne valent que pour ceux qui ne connaissent pas la pratique (p. 37) et sa difficulté à tourner la page après la séparation demandée par son mari est très astucieusement détournée en écrivant, à Ben, lettre après lettre, les meilleurs souvenirs qu'ils peuvent encore partager.
Après avoir publié deux best-sellers, Virginie Grimaldi reste très attentive aux relations d'amour au sens large (famille, amis). Elle accepte naturellement que ses personnages l'entrainent au-delà du destin qu'elle leur avait initialement dévolu. Est-ce pour cela que l'ex-mari se met lui aussi à écrire ? En tout cas cette astuce littéraire nous fait partager le point de vue de l'un et de l'autre et le résultat est heureux, littérairement parlant.
Elle aborde aussi le combat contre l'alcoolisme, la jalousie familiale, le burn-out et moult situations communes mais douloureuses à surmonter comme la rencontre avec un prédateur sentimental. On observe dans tous les cas qu'elle pointe la difficulté à accepter de se faire aider, au-delà de la prescription d'anti-dépresseurs.
Deux couples sur trois se séparent après un grave incident (je ne peux pas révéler celui qui fait l'objet du livre). Mais la puissance de l'écriture pour panser les blessures agira sur le mari comme sur la femme. Personne ne gagne ni ne perd. Mais peux-t-on considérer pour autant qu'il s'agit d'une happy end ?
Lire Virginie Grimaldi est agréable, quel que soit le sujet parce qu'elle sait instiller de l'humour entre les lignes, et surtout de l'optimisme. Pauline est amusante à se relaxer en pratiquant ce qui est, pour tant de femmes, synonyme de corvée : elle repasse (p. 213). Cela me donne envie de poser une nouvelle question pour savoir si l'auteure a glissé là un détail autobiographique. Il est vrai que les rituels sont rassurants.
Virginie use de formules imagées. Par exemple (p. 285) il a réussi à combattre ce monstre (l'alcoolisme). Il l'a mis à terre et coupé la tête. Pourvu que ce ne soit pas comme la queue des lézards ( on comprend bien la métaphore de la crainte de la récidive). Elle a recours quand c'est à propos à de grands auteurs comme Victor Hugo (p. 278) qui écrivait après la mort de sa femme, tu n'es plus là où tu étais mais tu es partout où je suis.
Nous passons l'été à Arcachon, qui est un des endroits que j'affectionne. Sans abuser des descriptions touristiques, elle ne pouvait pas manquer l'allusion à l'ile aux oiseaux, aux cabanes tchanquėes (p. 246), à la lumière du Bec d'Arguin et à la dune du Pilat, justifiant in extremis une couverture qui est dans le même ton que la précédente.
Un livre à lire sans attendre l'été mais qui pourra tout autant s'apprécier hors saison.
Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie de Virginie Grimaldi chez Fayard, En librairie le 3 mai 2017