Frédéric Brandon : « Qu’est-ce que la peinture ? »

Publié le 13 mai 2017 par Pantalaskas @chapeau_noir

Brandon est l’anagramme de Bonnard. Frédéric Brandon se plaît à rappeler cette complicité avec Pierre Bonnard avec lequel il partage un sentiment à préserver discrètement voire secrètement : l’amour de la peinture. C’est une double actualité singulière qui donne aujourd’hui à Frédéric Brandon un éclairage significatif.
La galerie Hèlène Nougaro à Paris offre au peintre un événement comparable à aucun autre : onze expositions réparties sur les années 2017 et 2018, développant cinquante années de peinture. On a beau chercher dans sa mémoire, aucun autre exemple d’une telle exclusivité ne vient à l’esprit.

« Un artiste, une galerie, une année »

Avec « Un artiste, une galerie, une année »,  c’est un parcours unique qui est proposé aux visiteurs chargés de valider mois après mois leur passage à la manière des étapes du chemin de Compostelle.
Après les oeuvres de jeunesse, la deuxième étape « Nature culture » occupe la galerie tout le mois de mai avant d’enchaîner avec « Vive la peinture de chevalet » et « Ça ira bien avec les doubles-rideaux. » en juin. Les titres de ces séries vérifient à la fois cet amour de la peinture et la distance prise avec une pratique dont il sait bien que la concurrence sévère des autres formes d’expression artistique oblige à ce second degré salutaire.
Comme si cette omniprésence pendent plus d’une année à la galerie Hèlène Nougaro ne suffisait pas, c’est à la galerie Le Garage à Orléans que ses toiles des années soixante dix sont également présentées. La galerie le Garage, depuis sa première exposition Brandon en 2003, témoigne elle aussi de sa fidélité et de son engagement pour le peintre Montreuillois.

« Années 70 »

Coutumier du  lieu où il a déjà exposé plusieurs fois, Frédéric Brandon présente « Années 70 », époque où les peintres retournés dans leurs ateliers après les soubresauts de mai 68 ont gardé de leur relation au monde une vigilance critique intacte. Le temps du Front des artistes plasticiens est révolu mais l’implication du peintre dans son temps n’est pas un vain mot.

Frédéric Brandon n’est pas devenu, pour autant, un peintre militant. Il est resté un observateur attendri de ses contemporains : « Sorties  d’usines » (1971-1972), « Sorties d’églises » (1972-1973). Être un peintre figuratif n’est plus une indignité et d’ailleurs il n’a cure de cette suspicion. Au-delà des sujets, des thèmes choisis, Frédéric Brandon pose inlassablement cette question dont il a fait le titre de sa première exposition au Garage en, 2003 « Qu’est-ce que la peinture ? ». Loin d’être anecdotique, cette inquiétude s’adresse à tous ses frères artistes, ceux qui ont délaissé ce medium historique comme ceux qui consacrent leur vie à ce mystère. Frédéric Brandon, après un itinéraire de cinquante années, se pose toujours cette question douloureuse parfois quand la vie du peintre suppose une engagement quotidien quelles que soient les difficultés. Chaque toile de chaque série participe à cette réflexion lancinante  où il interroge à la fois l’acte de peindre et le statut de l’artiste :
« Il n’y a pas de progrès en art, il n’est que la trace de l’existence de l’homme, la haine, la peur, l’amour ; sentiments qui n’ont évolués depuis la nuit des temps. De Lascaux à nos jours où est le progrès ? Alors pourquoi peindre si tout a été dit ? Pour savoir qui l’on est à travers le regard des autres et surtout l’indéfinissable plaisir de peindre ».

« Nature culture » Frédéric Brandon
Galerie Hélène Nougaro
4 au 27 mai 2017
17 rue du Petit Pont 75005 Paris

« Années 70 » Frédéric Brandon
13 au 28 mai 2017
Galerie Le Garage
9 rue de Bourgogne
45000 Orléans