d'Olivier Adam
Roman - 260 pages
Editions Flammarion - janvier 2016
Editions poche J'ai Lu - avril 2017
Rien ne va plus pour Antoine et son frère Camille depuis que M. Jean-François Lagarde, le maire de la ville de M., est accusé de viol auprès de deux jeunes femmes. Rien ne va plus depuis que l'on sait que son assistante, également mère d'Antoine est connue comme la maîtresse de Lagarde, et qu'elle serait même complice du crime sexuel.
C'est toujours un peu le même livre, un peu le même personnage, c'est toujours du Olivier Adam, cette nostalgie douloureuse, cette douce souffrance qui parfois submerge, cette fuite, ces quêtes. Ici encore, une enfance dont les blessures poursuivent. Une mère qui déçoit, qui est absente, qui aime mal, qui est fragile à pouvoir se détruire. Un jeune homme à la dérive, en bordure, à la lisière, se réfugiant près des côtes venteuses, la Bretagne... Extrait :"On ne pouvait rien bâtir avec moi, rien projeter. Vivre à mes côtés, c’était plonger sa main dans l’eau et la regarder filer entre les doigts… nous parlions peu, en définitive. J’aimais bien sa présence. Elle s’accommodait de mon absence." Mais La renverse m'a surprise, je ne connaissais pas Olivier Adam sur ce registre, jouant sur l'intrigue policière, le fait divers sordide, la procédure judiciaire et ses dommages collatéraux, le suspense. C'est sans compter une narration exceptionnelle, une construction du roman très habile, non linéaire mais toujours avec un équilibre maîtrisé, un fil que l'on suit dans les méandres du narrateur, avec délectation. Extrait :"Et ma mère était cette amante répudiée, parce qu'elle était une femme et n'avait pas comme Laborde été lavée par le non-lieu. Qui pour toujours apparaîtrait comme la salope qui avait vampé le grand homme, la courtisane à qui rien n'avait été pardonné, la mauvaise mère que ses enfants avaient fuie tour à tour. Qu'y avait-il de vrai dans tout ça ? Et moi ? A quoi croyais-je au fond ?" Il y a derrière cette histoire de famille, ce drame qui explose un foyer, lui imposant coups bas politique, images de viols et de perversion sexuelle, insultes quotidiennes et honte sociale, l'ombre d'une génération d'enfants dont les parents portent l'héritage de 1968 et contre lequel il demandent comme une réparation. C'est aussi une belle histoire de fraternité sur fond d'intrigue politico-médiatique. Un roman qui fait la part belle à la dimension psychologique des adolescents. Et finalement, non, Olivier Adam n'a peut-être pas encore tout écrit.
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