Ici, on se porte bien
les secours, Dieu merci, nous suffisent
la couleur bleue des lacs nous suffit
On peut économiser chaque année 500 dollars
et l’envoyer à nos proches pour qu’ils achètent du blé
Comme vous le savez, nos champs ont brûlé.
– en règle générale, en temps de guerre, l’asile nourrit la patrie –
Ici, on se porte très bien
nous marchons lentement sur les routes étrangères,
on sourit aux passants
on a appris à dire « bonjour » dans leurs langues
on a appris à dire « merci »
Le soir
lorsqu’on s’abrite dans nos maisons étroites
un oiseau salé traverse notre sang :
il chante en notre langue des vieux Mawals
alors on pleure
en enlaçant nos oreillers.
Au fait ! la neige a fondu !
enfin, le printemps est arrivé !
et nous nous portons bien
ici aussi, la couleur verte nous suffit
pour contempler notre vie avec le calme d’un philosophe
avec la patience d’une épine.
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Anouar Imran (né le 24 mai 1972 à Homs, Syrie) – Traduit de l’arabe par Ghada Laghzaoui.