Exposition “Collioure 1915 – 1945 la ville sublimée” Augustin Hanicotte | Musée d’art moderne Collioure

Publié le 12 mai 2017 par Philippe Cadu

Du 20 mai au 19 novembre 20177 - Vernissage samedi 4 mars à 11h

http://www.collioure.net/museedartmoderne

Hanicotte est né le 22 juillet 1870 à Béthune dans le nord de la France. Après quelques années de vie à Paris et plusieurs séjours en Bretagne, il se rend à Volendam, en Hollande.
A la fin du XIXème siècle Volendam est une destination très prisée pour des dizaines d'artistes qui viennent chercher là leur inspiration et un retour à des sources pittoresques, Hanicotte y séjourne jusqu'à la Première Guerre mondiale.
Pour des raisons de santé, il quitte la Hollande et réside très brièvement dès 1915 à Banyulssur- Mer, puis s'installe à Collioure. Il faut signaler que lors de son séjour à Banyuls, Hanicotte rencontre Maillol, une très forte amitié naît entre ces deux artistes jusqu'à la mort de ce dernier. Augustin Hanicotte a 45 ans lorsqu'il s'installe à Collioure, il vt de sa peinture, obtient plusieurs commandes de l'Etat et travaille en relation avec la manufacture de Beauvais et des Gobelins pour une très belle série de cartons de tapisserie. Sa réputation artistique n'est plus à faire, il expose régulièrement aux Etats-Unis, puis au Japon, et en permanence à la galerie Danton à Paris. A Collioure il est séduit par le climat qui améliore sa santé, mais aussi par la lumière, la beauté des paysages et les personnages pittoresques des pêcheurs. L'activité du Boramar est intense, toute la vie de Collioure s'égrène sous ses yeux : le va-et-vient des barques de pêche, leur voilure au vent, le séchage des filets, le ravaudage effectué par les femmes. Hanicotte saisit avec acuité l'essence même de la vie à Collioure et l'immortalise, en reprenant en quelque sorte le fil conducteur et la pensée Matissiennes. Il peint les mêmes sites, les voiles immenses déployées et gonflées par le vent, les arbres de la colline d'Ambeille, des figuiers magnifiques et en toile de fond le remarquable clocher et la vie du port de pêche. Il effectue les portraits de plusieurs personnages locaux, surtout des pêcheurs, mais aussi ceux des personnes qu'il fréquente, comme Matisse le fit quelques années auparavant.

Hanicotte représente des paysages idylliques, mais avec son style propre, celui qu'il a ramené de Volendam, empreint de nostalgie de l'école flamande. Le point de curiosité réside bien là, il garde la même façon de peindre le sujet, précis, dessiné, juste, mais avec des couleurs plus prononcées, celles qui s'épanouissent sous le soleil. En fait, il conserve la douceur et la rondeur
de l'école flamande ramenées à une dimension méditerranéenne.

A Collioure la référence à la lumière et aux paysages grecs, avec leur implication directe dans l'histoire de l'art est évidente.
La lumière et notamment la couleur bleue pénètrent au plus profond de son travail ainsi que les verts et les rouges. La sensation de chaleur, de quiétude et de joie de vivre se mêlent intimement à son style plutôt nordique, pour se traduire dans une peinture douce, juste, qui transcrit avec exactitude la vie à Collioure et qui à la fois l'exalte. Ces sensations conduisent l'artiste vers de nouvelles réflexions et aboutissent à une peinture réfléchie, composée, intelligente, très colorée, avec une force expressive contenant l'essence même du paysage méditerranéen.
Augustin Hanicotte peint surtout sur des supports en papier et plus précisément sur le kraft. Ce support, il l'utilisera jusqu'à la fin de sa vie pour tous les formats, dans toutes les situations, depuis les décors de théâtre jusqu'à la fameuse "La grande plage", sorte de fresque historique et idyllique, qu'il achèvera vers les années 1950 et qui retrace toute la vie de Collioure. La plage est un tableau de 2,70 x 4,73 m, composé de quatre lés de papier kraft ajustés à ras bord. Cette toile résume tout le travail de l'artiste pendant les trente années où il réside à Collioure. Elle s'élabore comme un décor de théâtre aux couleurs vives : en fond la chaîne des Pyrénées qui vient mourir à Collioure avec les forts Saint-Elme et Dugommier, le Château Royal et le faubourg complètent cette ligne et définissent la perspective. Enfin les trois quarts de la toile reconstituent la vie du port de pêche. Des dizaines de petits personnages ronds et grouillants comme dans une peinture flamande, mais aussi plus près de nous comme dans un dessin de
Dubout, s'activent : ils étalent les filets, tirent des barques, transportent des paniers de poissons, grimpent dans les charrettes, les femmes bavardent par groupes avec les cruches à eau sous les bras, les ânes patientent chargés de paniers... le tout sous l'oeil débonnaire du curé. En
regardant attentivement les groupes de personnes apparaît alors une touche d'humour, mais le ton est bien celui d'un témoignage racontant une vie simple, tranquille, sereine, voire naïve.
Hanicotte a travaillé pendant des années à cette oeuvre, il créait d'abord des esquisses, puis des dessins de petits groupes et peu à peu il les décalquait sur la grande toile. Hanicotte à travers cette oeuvre laisse un témoignage poignant de son engagement pour ce village où il réside entre 1915 et 1944.
De cette longue période il faut retenir bien évidemment les magnifiques oeuvres réalisées avec ce nouveau style bien particulier qui différencie totalement son travail entre Volendam et Collioure.

Villa Pams - Route de Port-Vendres 66190 Collioure . Tél : +33 (0)4 68 82 10 19
Ouvert tous les jours du 1 juin au 30 septembre de 10h à 12h et de 14h à 18h.