Alain Lambert
« Pourquoi je ne voterai pas la réforme de la Constitution »
Par Corinne Lhaïk,
mis à jour le 26/06/2008
Alain Lambert, sénateur UMP, ancien ministre du Budget, estime que le texte actuellement en examen ne s'attaque pas à la crise des finances publiques.
Vous venez d'annoncer sur votre blog (www.alain-lambert.org) que vous ne voteriez pas la réforme institutionnelle. Pourquoi ?
Parce qu'on amuse la galerie avec des dispositions incantatoires comme le fait que le président de la République puisse s'exprimer devant le Parlement, ou le remplacement du médiateur de la République par un défenseur des droits. Les électeurs ne nous attendent pas sur de tels sujets. Ils veulent que nous apportions des solutions à des questions graves, comme la crise des finances publiques.
En quoi une nouvelle Constitution pourrait-elle résoudre cette crise ?
Elle peut permettre d'introduire plus de transparence et de solennité dans la gestion des finances publiques, amenant l'exécutif à les gérer avec plus de rigueur. J'ai notamment proposé d'introduire le principe suivant : le ministre du Budget et des comptes publics devrait garantir la sincérité de ces comptes par serment.
Ce serait purement symbolique !
Pas du tout ! La violation du serment serait sanctionnée pénalement . Nous, les parlementaires, connaissons déjà cette pratique : les personnes qui témoignent dans le cadre de nos commissions d'enquête doivent prêter serment. Je vous assure qu'elles sont extrêmement impressionnées par cette cérémonie !
Quelles autres mesures préconisez vous ? J'ai proposé un amendement qui aurait contraint le gouvernement à exécuter les comptes publics en équilibre à partir de 2012. J'ai également proposé que le budget de l'Etat et celui de la Sécurité sociale soient fusionnés au moins pour leur partie recettes. Actuellement, l'enchevêtrement des relations financières entre Etat et Sécurité sociale est tel que l'on y comprend plus rien. Aucune de ces propositions n'a été retenue et je dois dire que le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement Roger Karoutchi a fait preuve, durant la discussion, d'une arrogance en totale contradiction avec le but supposé de la réforme institutionnelle : la revalorisation du rôle du Parlement. Voilà pourquoi, si le texte reste en l'état, je ne le voterai pas.