On en parlait il y a quelques temps sur les réseaux sociaux : le mouvement En Marche ! mené par Emmanuel Macron était dans le collimateur d’un groupe de pirates informatiques. Ces derniers ont mis leurs menaces à exécution avec la publication, juste avant le second tour des élections, de certains documents confidentiels. Ce phénomène a pris l’appellation non officielle de MacronLeaks, qui n’est pas sans rappeler le WikiLeaks que nous vous proposons de découvrir ici.
Toutefois, bien qu’il s’agisse du terme employé pour désigner le phénomène, on ne peut pas réellement parler d’un « leak » mais plutôt d’un piratage pur et simple. Un « leak », c’est, pour reprendre l’excellent site slate.fr, « une fuite de documents émanant d’un lanceur d’alerte, qui les confie à des journalistes qui, avant toute publication, les vérifient, analysent, contextualisent, mettant de côté tout ce qui pourrait attenter à la vie privée de ceux qui sont concernés, pour ne rendre publiques que des informations d’intérêt général. »
Quel piratage ?
Il y a quelques semaines, plusieurs responsables du mouvement ont été victimes d’un piratage de leurs boîtes mails professionnelles et personnelles. Ceci inclue donc des messages échangés entre les membres de la campagne, des documents sous forme de tableur Excel, des PDF de présentation…Tous ces documents pèsent plus de plusieurs gigaoctets, la plupart étant le contenu des boîtes mails des différents membres, mais pas seulement. Des tableurs Excel détaillant les comptes de la campagne auraient aussi fuité (ou « leaké » pour reprendre le terme anglophone). Ainsi, ce sont plus de 9 go de fichiers auraient été publiés sur les réseaux sociaux, et plus précisément sur le site Pastebin (bloc-note permettant de publier en ligne des documents de façon quasi-anonyme). C’est ensuite sur un forum de 4chan que s’est propagée la nouvelle du piratage et des publications, donnant alors naissance au hashtag #MacronLeaks.
Conséquences pour le mouvement et le nouveau président
En ce qui concerne les comptes de la campagne, le mouvement En Marche ! n’est pas inquiet et a ainsi déclaré : « Bien évidemment, les documents provenant du piratage sont tous légaux et traduisent le fonctionnement normal d’une campagne présidentielle. Leur diffusion rend publiques des données internes mais n’est pas de nature à nous inquiéter sur la remise en cause de la légalité et de la conformité des documents concernés. »
Par ailleurs, aucun document compromettant n’aurait été jusqu’à présent, trouvé. On trouve dans ces gigaoctets de données des documents aussi classiques que des devis, des notes de conseillers, un contrat d’assurance…bref rien de bien gravissime qui puisse faire tomber Macron ou ses partisans.
Toutefois, là où se pose un problème est la véracité des documents : comment savoir lesquels sont effectivement des documents du mouvement, et lesquels sont fabriqués de toutes pièces par les pirates à l’origine de l’attaque dans le seul but de nuire ? Le journal Le Monde a par exemple pu accéder à certains de ces documents, et leur véracité reste largement contestable (source)
Cependant il ne faut pas perdre de vue qu’au final, n’importe qui d’un peu doué en informatique peut reconstituer un document entièrement faux et le faire passer pour véridique, et c’est bien là que le danger s’installe…le fameux risque de propagation des fake news.
Au quasi-lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron comme nouveau président de la République française, la question du MacronLeaks reste plus que jamais d’actualité et les prochains jours ou prochaines semaines nous permettront de savoir ce qu’il est de la véracité des documents concernés.