Le dimanche 7 mai est à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire de la V e République. Cette date scelle l'arrivée au pouvoir en France du plus jeune chef d'Etat (39 ans) : Emmanuel Macron. Il y a encore un an, nul ne croyait que, cet ancien élève des Jésuites, après avoir crée En Marche !, réaliserait aussi vite son dessein. Qu'il parviendrait à se hisser à la cime étatique d'une nation que De Gaulle avait sauvée en 45 de l'Allemagne hitlérienne, qu'une lignée de rois avaient bénie de siècles en siècles.
Or l'impensable est bel et bien advenu. Devant une horde de sceptiques, de rabat-joie, époux éternels du déclinisme français. La vérité, c'est que l'esprit de conquête est plus fort que l'esprit de défaite. Intégrer un tel truisme conduit inexorablement à épouser le jardin fleuri de l'espoir, à comprendre l'allégresse dominicale des Marcheurs.
Par sa prouesse électorale, face à une Marine Le Pen devenue incompétente, agressive et braillarde le temps d'un débat télévisé, Emmanuel Macron casse à coup sûr les codes, ringardise les vieux clivages gauche-droite. Il fait advenir une ère nouvelle dans un échiquier politique hexagonal longtemps colonisé par un bipartisme. Lequel est aujourd'hui rejeté par les citoyens : ces derniers n'ont pas hésité à le démontrer en choisissant un candidat éloigné du sérail, jamais élu et vierge d'un adoubement politique de grande envergure. Ce qui s'esquisse là témoigne que les Français en ont marre des prosaïques bisbilles partisanes. Des pugilats qui empêchent le pays de faire un bond vers l'audace, la modernité, le champ des réformes nécessaires et indispensables.
Macron a réussi son pari. Parce que Les Républicains et le Parti socialiste ont été incapables de proposer une offre politique plus adaptée aux exigences du temps ; ils sont restés arc-boutés sur de vieux logiciels politiques, tout en se gavant de privilèges dans une France envahie par l'antienne de la crise et des populismes.
La victoire du macronisme annonce aussi de facto l'imminence d'une récomposition politique. Celle qui fera la part belle à des coalitions gouvernementales, à des talents multiples. Celle qui proclamera une dichotomie définitive entre les progressistes et les nationalistes.
Sachant que les premiers sont plutôt attachés au libéralisme, à Europe, à la mondialisation, tandis les seconds vouent un amour indéfectible à une certaine France rabougrie et barricadée, dédaigneuse du multiculturalisme.
Guillaume Camara