En guise d’introduction à l’exposition, plusieurs tenues communient avec les statues d’Antoine Bourdelle, donnant ainsi un tout autre ton à sa propre oeuvre. Noir sur blanc : l’atelier devient alors l’écrin idéal d’un dialogue aussi hypnotique que contrasté entre le sculpteur et le couturier. Le coeur du parcours se décline quant à lui en trois temps : « silhouettes & volumes », « noirs & lumières », « noir & couleurs ». Car loin de l’image de « non couleur », le noir exprime chez Balenciaga toute la richesse de ses nuances, tantôt opaques ou transparentes, mates, brillantes voire vaporeuses… Pour devenir une matière vibrante et vivante.
« Ici, le noir est si noir qu’il vous frappe comme une gifle. C’est un noir épais, espagnol, presque velouté, c’est une nuit sans étoiles, tout autre noir paraît presque gris. »
Le magazine Harper’s Bazaar, en 1938, à propos du premier défilé de Cristóbal Balenciaga à Paris.
Minimalistes et épurés, les noirs de Balenciaga n’ont rien d’austère. Bien au contraire. Car si le créateur aimait tant travailler cette couleur, c’est parce qu’elle lui permettait d’expérimenter une multitude de tissus et de matières, le tout avec des résultats étonnants. En témoignent les nombreuses pièces exposées, où la dentelle, bien sûr, tient une place de choix. Froissée, compressée, elle amplifie les effets graphiques des plis sans tomber dans la piété ou le folklore espagnol qu’elle incarne. Il en va de même pour les broderies, sublimées par quelques touches de couleur : chez Balenciaga, le rose sait se faire discret pour faire ressortir la pureté des lignes. Une douce alchimie. Si certains reprochent à l’exposition une scénographie discutable, « L’oeuvre au noir » montre à quel point sculpture et couture ont des desseins similaires. A l’image des ficelles qui s’entrecroisent pour donner corps aux silhouettes iconiques.
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