Même si, adolescent, il aimait déjà inventer des histoires, d’où l’injonction de sa mère qui fait office de titre à cet ouvrage, Philippe Besson ne savait pas encore qu’il allait en faire son métier et devenir écrivain. La seule chose qu’il savait, depuis l’âge d’onze ans, est qu’il préfère les garçons. En 1984, c’est Thomas Andrieu qui lui tape dans l’œil. Même si les deux élèves de terminale ne se côtoient pas, un amour passionnel et inavouable va les lier à jamais…
Le dernier roman de Philippe Besson est non seulement l’histoire d’un amour impossible et clandestin, qui restera à jamais gravé dans son cœur, mais il apporte également un éclairage sur le reste de l’œuvre de l’auteur. Ce déchirement s’avère en effet être un événement fondateur dans la vie de l’auteur. Outre l’aspect autobiographique du livre, le lecteur peut également apprécier le portrait que Philippe Besson dresse d’une époque, celle de l’émergence du sida et d’une communauté homosexuelle pleurant ses morts, et d’un petit bled charentais où la différence est encore plus difficile à dissimuler. Thomas, lui, a d’ailleurs du mal à accepter son homosexualité, qu’il continue à vivre dans le secret et dans le mensonge… le titre du livre lui étant finalement peut-être même destiné.
J’ai été initialement un peu surpris par le style de l’auteur et cette phrase initiale interminable qui se prolonge jusqu’à la fin du prologue, mais j’ai finalement totalement adhéré à cette narration ciselée qui dissèque avec brio les émotions qui accompagnent cette fêlure sentimentale. Parfois crue lorsque les corps répondent à leurs désirs, cette mise à nu se veut également d’une justesse rare et d’une grande délicatesse.
L’amour de jeunesse est un thème qui ne laisse personne indifférent et lorsqu’il est raconté avec tant de sensibilité, il est difficile de ne pas ressortir conquis d’une telle lecture.
Vivement conseillé !
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