Nous avons fait sa connaissance lors de nos maraudes.
Sa maison ? Un carton sur le trottoir devant Le Louvre Des Antiquaires. Devant sa couche en carton un petit carton où il posait ses chaussons.
Il veillait avec tendresse sur son ami polonais, voisin de carton, gravement malade. Lorsque celui-ci a été hospitalisé pendant un mois il est allé le voir tous les jours à l'hôpital.
Edison était un ami fidèle.
Il nous attendait le samedi et exigeait qu'on le réveille. Il se levait d'un bond et nous entraînait sous les arcades à la rencontre des sans-abri qui s'y abritaient afin que nous puissions leur offrir à manger, de quoi se couvrir et se vêtir.
Edison était un ami attentionné.
Avec lui nous avons ri lorsqu'il nous a narré / mimé l'anecdote suivante :
Pris d'une grosse envie très pressante il entre dans une sandwicherie huppée du quartier et demande à aller aux toilettes. L'accès lui en est refusé.
- " Ok ! Alors je vais faire caca ici ! "
Il nous a rejoué la scène en faisant mine de déboucler sa ceinture en s'accroupissant.
Edison, notre ami, était drôle attachant et facétieux.
Grave et triste parfois lorsqu'il évoquait sa vie d'avant, loin là-bas en Équateur et en Colombie, sa famille son enfance et les douloureuses épreuves qu'il avait traversées. Nous restions silencieux lorsqu'il soulevait son tee-shirt à la vision de son torse : un jésus tatoué sur le coeur et des dizaines de cicatrices, traces indélébiles de son passé, de ses souffrances.
À tout cela il a survécu. ...c'est la rue qui a eu sa peau !
Edison était notre ami, il était beau avec ses petits yeux pétillants de malice.
Avec lui nous avons fêté son 47e anniversaire dans la nuit du 24 au 25 septembre 2016 en lui apportant 2 gros gâteaux que nous avons partagés. En cadeau un lecteur mp3 avec quelques airs de salsa colombiana qu'il aimait tant.
Edison n'est plus. Mais il restera gravé à jamais dans le coeur de ses amis maraudeurs.
Il a connu l'enfer du trottoir sur terre et croyait au paradis alors
VAYA CON DIOS AMIGO !
En mémoire d'Edison, ami des maraudeurs, rassemblons-nous sur ce bout de trottoir où il nous attendait chaque semaine, plein d'entrain et toujours prêt à danser.
Sur ce carton où il a laissé sa trace, déposons quelques roses et rallumons les lumières qui alors l'habitaient, pour un dernier au revoir sous la lune qui l'a vu s'éteindre.