Triagonale, Galerie La Source

Publié le 09 mai 2017 par Doudonleblog

Eva Ducret, Laurent Delaire et BAP exposent ensemble à la Galerie La Source, Fontaine-lès-Dijon jusqu’au 28 mai, ça s’intitule « Triagonale ». Du mercredi au dimanche compris, 15h30-18h30. A voir.

Rarement (pour ne pas dire jamais) on n’avait vu une telle cohérence à La Source pour une exposition commune. Ils sont trois, Eva Ducret, Laurent Delaire et BAP et ils ont su à merveille marier leur travail respectif pour cette occasion. Si bien qu’au bout du compte, leur expo devient presqu’une œuvre en elle-même.

Dès l’entrée, une installation. Et tout de suite, le ton est donné. Quelque chose comme un sentiment de vie qui passe….et qu’on aimerait freiner, retenir, conserver.

Ces petits moules à gâteaux (Eva Ducret), tout rouillés, engloutis dans d’informes boules de terre, tels des éclats de poterie préhistorique sur un chantier de fouilles, on les regarde soudain comme de sacro-saintes reliques. Cette grise pile de manuscrits à l’écriture mystérieuse (Laurent Delaire), on la prendrait volontiers pour de précieux manuscrits sauvés de la destruction, quelque part dans le monde. Ces ardoises et ces objets en pâte de verre (BAP), comme on n’en fait plus, sont les témoins d’un passé révolu et on se plaît à les voir reprendre vie autrement.

A l’étage, se poursuit le fil de cette idée pressentie dès le rez-de-chaussée. Mais elle s’affine. Du thème (trop) classique, traces du passé, mémoire, oubli, souvenirs etc,  on arrive au concept de « l’archéologie du présent ».  Les 3 plasticiens, main dans la main, chacun à leur manière, disent ce temps présent qui file mais qui, pourtant, est tellement là. Et ce temps présent qui est déjà passé…

Les spirales d’Eva Ducret tourbillonnent. Et quand ça tourne si vite, la machine du temps s’arrête, non? Et l’apparence devient invisible, non?

Les architectures sur ardoise de BAP flottent entre rêve et réalité, entre vrai et faux. Ses fragments (moulages en papier, rappel des verres anciens du rez-de-chaussée) sont ces fossiles que l’on collectionne… mais bien plus fragiles que la pierre. Des petites déchirures.

La série des « lumière au fond » (tableautins) de Laurent Delaire cherche ce qui est caché derrière. Ou enfoui. Ou disparu momentanément.

Les artistes, décidément, se font ici paléontologues !

Et avec ses extraordinaires « Scripsi » Laurent Delaire a entrepris un long travail de plasticien qu’il nomme lui-même « l’expérience même du présent ». L’écriture inventée qu’il déploie sur des centaines de rouleaux, de tablettes… est deux fois inexistante! D’une part elle est imaginaire et d’autre part elle n’est que sa propre trace (technique de la « réserve »). Reste pour lui le geste d’écrire, comme un rituel, comme une méditation de pleine conscience. Recherche personnelle et solitaire, mais évidemment… l’impacte sur le regardant est bien réel. Quelque chose passe, à n’en pas douter.

Cette exposition est pensée. Riche. Forte. Mais aussi belle: il y a des éléments graphiques, des volumes, des mises en scène, des harmonies… juste beaux.

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