Il ne se contente pas d’écrire, Patrick Declerck. Il lit, bien sûr, il joue aussi, il vit avec les autres. On l’a présenté comme le psy des clochards de Paris, qu’il a suivis pendant quinze ans, partageant leurs conditions de vie et en témoignant dans des livres, que Guillaume Barbot a mis en scène. C’est ce metteur en scène qui lui fait rencontrer Jean-Christophe Quenon. Et tous deux vont se retrouver après l’opération d’une tumeur au cerveau subie par Patrick Declerck, après laquelle celui-ci écrira Crâne, un roman qui fait entrer dans son histoire le personnage nommé Nacht (qui signifie nuit, en allemand), autre lui-même, et sa chienne qui finira par mourir dans ses bras. Sur scène, Patrick Declerck affronte ses démons, ses auteurs, ses personnages, et Jean-Christophe Quenon l’accompagne. On entend des extraits de Crâne et des haïkus écrits par Patrick Declerck après son opération. Le dialogue qui s’installe devant nous nous entraîne dans une pensée en mouvement, des colères, un humour, des gestes. Et Hamlet, bien sûr, prendra toute la place, cueillant sur le bureau où se tient Jean-Christophe Quenon le crâne de Yorick. Toute la place, c’est-à-dire le vide, « de trébuchement en trébuchement », dans une « inépuisable plaisanterie, mais tragique plaisanterie ».
J'ai assisté à ce spectacle au Théâtre-Studio d'Alfortville (94)