France Burghelle Rey : choix de textes

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc

« Tesselles du jour » extraits :
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IV

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Sur la carte je suis tombé à genoux les poings fermés sur ma douleur le souffle du pré-sent efface le visage des morts

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Comme le vent les traces des enfants mais il est effrayant ce temps jusqu’à toi et cette perte à venir s’appelle l’espoir

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Sur la terrasse j’attends l’heure avant que ne disparaissent les nuées roses et l’air lourd du soir

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V

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Ebloui je tremble ma campagne est le livre des livres où j’avance pas à pas j’ai eu peur des iris en colère la mort est noire sans fleur consolante

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Ebloui par les reflets de la mer il faut voir le poète la chanter ses mots de feu qui brûlent

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Je tremble ne lirai plus ni serai ébloui mais je cueille la violette éclate de rire ma campagne est le livre des livres sur lequel j’ai écrit

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X
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J’ai vu ta douceur dans les courbes des nuages j’avais confiance dans la lumière couleurs arrachées au prisme pour en faire un patchwork place pour deux dans l’atelier ancien

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Mais lecture d’un poète qui prend tous mes mots i need anothers words et je tape du pied quand monte la colère blanche de ma page j’avancerai vers cette dernière strophe

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La vie fera sa place je regarderai par-dessus ton épaule la toile et son rouge sang que dévore du vert et qu’adoucit du bleu

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XIV

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Ce serait refuser les couleurs que nier le flux du sang la lumière de la pluie le bleu des orages

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Ce serait admettre une mort noire et blanche un négatif qui hante mais ta vie coule telle une danse

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Je t’imagine vivant sous l’arc-en-ciel ta musique en couleurs et sous le charme je chante

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XVII
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Le temps encore du sang tu continues à vivre après cette violence le froid de ce cri comme couteau l’acier te fait crisser des dents

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Le temps encore de l’amour tu continues à jouir après l’orgasme le chaud de cette vie sa peau te fait une caresse

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Le temps encore de la mort tu continues à vivre après ton agonie

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XXI

Comment accepter le sommeil ? le jour a dessiné les nuages jusqu’aux ourlets des ailes elles sont désespérantes à peindre et du pinceau goutte à goutte tombe la couleur

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Comment accepter l’incertain ? j’attends tellement de choses à vivre du jour mais étourdi par les rêves la nuit j’entends quand il fait clair les réponses

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Que je copie sur ce carnet j’en forme un collier de perles blanches et noires mon encre heureusement est bleue pour nommer l’élégance et lorsque tu arrives je n’ai plus de questions

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XXXIII

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La partition est inachevée et je garde l’air que nous chantions tressaille quand tu m’apprends la mort des ronces celle du grand marronnier

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Je m’arrête de chanter ma mélodie murmurée et la musique oh ! chute inattendue est morte c’est mon silence ma rédemption

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Tant de fureurs tous ces cris ont mangé mon jour mais il faut absolument achever la partition

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XL

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Violence de ta vie en vain tu pleures aujourd’hui tu pleures la rivière les roseaux le ciel étaient plus beaux de ton enfance heureuse

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Tu renies tes mots neufs cette force de ton souffle quand tu ouvrais l’écrit c’est la mitan du jour l’heure d’aller sur sa tombe

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Sa mort a emporté ton chant et ta voix qui s’éraille ne le réveillera pas tu oses un dernier cri

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« Confiance » extraits
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je pense à ce pays où je n’irai plus mais c’est sûr ma joie tu ne regrettes rien
tu me préfères sur la pelouse du bois qui cherche des trèfles comme un enfant
j’ai lu tant de poètes suis-je vide à moi-même quand l’âge me prend du temps

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il me reste une âme qu’il me faut à l’écran quand je transpire d’horreur
j’avance et dis le vent souffle encore village perdu au fond d’une région
nous sommes sans nouvelles est-ce mieux pour autant j’ai peur si je ne pleure plus

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2

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et je n’ai plus de larmes mais veux mouiller ma page achetez-moi un vase
si le bouquet est gros il pourra déborder c’est l’eau le feu je ne sais plus
sittelle ou bien phénix avec ma confiance murmurée

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je m’offre une couronne contre tous ces autodafés
vous donne ce livre de naissance et autant de photos d’amis que dans ma chambre
ces cadres où je mets des pivoines comme dans le clos de Rose

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c’est alors le feu on jette des enfants par les fenêtres je crie qu’il sauve des poètes
j’ai honte de mon bien-être et quand la pluie se remet à tomber j’aime les typhons
les ouragans ces grandes symphonies du vent de mes poèmes

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plus que les éléments les hommes sont fous furieux qui se délectent de guerres
plaintes à tout bout de champ j’ai moins que mon voisin
qui ne le mérite pas mais pollue la planète sans cesser ses voyages

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moi qui casse le rythme je prie un bon quart d’heure par jour
j’aime mieux le matin sans mon histoire et ma géographie
les autres sont des génies chez eux dieu même prend une majuscule

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oui je vais vers ma terre et d’autres vendent leurs rêves je veux gagner les miens
au moyen de ma main personne ne me freine personne ne me force j’avance
j’ai tout mon temps j’avance ici violence du vent les enfants vont plus vite

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mais je lis trop de livres et vous oublie le nez dans mes papiers
mes fleurs m’attendent aussi qui craignent moins l’hiver qu’un poète trop pris
rappelez-moi à l’ordre et j’irai sous la lune mettre mes fleurs dans nos cimetières

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trop de travail ici mais si je ne fais rien le temps se perd à attendre demain
et je ne sais que faire quand en moi est la clef et que le feu est là
avec ma joie elle se remet à vivre c’est vrai il faut me croire

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7

et suis sûr de l’avenir confiance et joie qui lui succède
ma route se fait étoile à ses carrefours pour éblouir mon horizon que je dessine bleu
même s’il est rouge d’amour ou de colère j’aime vaincre les couleurs plutôt que de pleurer

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il reste à avancer pas après pas avec ces bouffées d’air qu’on prend à chaque instant
mais la tension essouffle mon corps souffrant lorsque j’appelle
ces voix nouvelles comme autant de mes forces

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langues de toutes espèces pour m’apprendre l’espace je m’apprivoise loin de chez moi
je vous rencontre quand notre échange ressemble à chaque enfant qui naît
et je vis ce bonheur puisque je le désire

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mets au monde mon réel et suis ce flot de larmes qui chante pour sécher
babel avec qui je voyage n’est pas une sirène puis me sens apaisé murmure ma confiance
avant même l’été et dis pitié pour ceux qui pensent trop et oublient de pleurer

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ils sont à eux-mêmes un exil dans le refus des mots nouveaux de ces seuls voyages
j’attends qu’ils sachent nager dans le présent de mon espace
comme moi chaque jour je pose le pied sur l’allée d’un jardin

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j’y vois même en hiver des promesses à venir j’y vois le seul pays
pour ceux qui osent pleurer tout en voulant marcher
j’avance j’oublie la faim les ombres et les larmes

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dans les champs froids et solitaires où je cours bras ouverts
je marche j’avance comme je faisais hier jusque vers mes cabanes
avec cette lenteur qui ne me fait plus peur

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« PATIENCES » : extraits
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A moins de consentir au mouvement de ses feuilles l’arbre se dessèche et lent ne grandit plus

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Tombent alors ses feuilles comme autant de grimpeurs éreintés qui fuient les sommets

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Je veux vivre sans m’interrompre desserrer de mon cou cette corde froide et tirer l’alarme avant que ne soient dévastées des forêts entières

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Tu as déjà eu ton triomphe et moi je ne suis que l’apprenti je tourne le moulin des mots comme l’enfant celui des chansons

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Mais nous avons le goût commun des fêtes des victoires et des feux d’artifice où naissent nos poèmes tant pis si nous sommes seuls à les aimer

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Nous écrirons sur les murs des maisons sur les trottoirs des rues sur les cailloux des rivières et tous diront que nous marchons du même pas

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J’ai vu le delta du fleuve dans un battement d’ailes et confondu comme Perse les vautours et les aigles

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Enlevant mes jumelles pour contempler le ciel j’ai vu ce que j’aimais

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Une image un profil l’ombre d’un oiseau et une promesse peut-être sur le convoi du bleu

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Prends les armes chasse d’un dernier geste ces géants de papier

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Qu’ils tremblent bougent sous le vent léger leurs mines défaites

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Leurs membres sonores tu es le premier ici à découvrir le vide

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L’aiguille s’est emballée plus de temps plus d’horizon c’est comme l’éternité

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Un jour de moins un jour de plus tu avoues avoir peur et ne sais plus choisir

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Des oiseaux sont tombés tu n’aimes plus ce pays où on sort des fusils

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Je devine dans le noir la poussière de la route cherche à entendre tes pas

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Libre sans ton regard est-ce que mes fautes sont graves et mon sang est-il pur

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Quelque chose a changé mais je ne sais s’il y a un ciel si je suis faible ou libéré

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Il ne faut pas céder le pas tant il reste de zones à franchir

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Mais continuer et piétiner la mousse le sol ne se dérobe pas si facilement

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Ils sont rares ceux que le vent n’aide pas ces égarés toi tu as tout l’espace

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Devine qui éteindra cette colonne qui brûle ce corps qui marche paumes ouvertes vers le ciel avec tes pieds collés à la glaise

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L’eau pour le faire sera de pluie et il faudra attendre

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Je veux être l’autre qui t’offre ce futur

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France Burghelle Rey est née à Paris, a enseigné les Lettres classiques et vit actuellement à Paris où elle écrit et pratique la critique littéraire. Elle est membre de l’Association des Amis de Jean Cocteau et du P.E.N. Club français.

Plus de cent textes parus dans de nombreuses revues ainsi qu’une cinquantaine de notes critiques ( Nouvelle Quinzaine littéraire, Poezibao, Europe, La Cause littéraire, Place de la Sorbonne, Recours au poème, Temporel etc… ).

Elle a écrit une quinzaine de recueils dont Lyre en double paru aux éditions Interventions à Haute voix en 2010 puis Révolution en 2013 suivi de Comme un chapitre d’Histoire en 2014 chez La Porte et Révolution II en 2016. Le Chant de l’enfance a été publié aux éditions du Cygne en juillet 2015, Petite anthologie, Confiance, Patiences et Les Tesselles du jour chez Unicité en 2017 et Après la foudre est à paraître.

Ces derniers textes augmentés de L’Enfant et le drapeau ( à paraître ), naissance rédemptrice d’un  » ange  » dans un monde en désolation, sont, avec les recueils qui suivent, l’expression d’une nécessaire présence au monde en souffrance. Après des recueils à teneur autobiographique elle achève en 2016 un recueil de douzains sur le thème du lieu et commence un travail sur le thème de la  » ville « .

http://france.burghellerey.over-blog.com/# : Un blog de plus de 27.000 pages de lues

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