Nadia Hashimi – Si la lune éclaire nos pas

Par Yvantilleuil

Après « La perle et la coquille », que je vais m’empresser de lire, Nadia Hashimi livre un second roman qui retrace le calvaire des migrants en quête d’un avenir meilleur en Europe.

L’auteure américaine d’origine afghane retrace d’abord l’histoire personnelle de Fereiba, depuis sa naissance jusqu’à l’arrivée au pouvoir des Talibans, au moment où elle coulait enfin des jours heureux en compagnie de son mari et de ses enfants. Dans un Kaboul initialement en paix, le lecteur apprécie tout d’abord le dépaysement de ce pays aux milles saveurs, tout en étant confronté au choc culturel qui découle de traditions ancestrales, qui ont visiblement la vie dure. D’une enfance en tant que domestique au sein de sa propre famille à son mariage arrangé, en passant par son combat pour accéder à l’éducation, la vie de Fereiba n’a certes rien d’une partie de plaisir, mais ce n’est rien par rapport à ce qui l’attend une fois les Talibans au pouvoir. Du port obligatoire de la burqa aux arrestations aléatoires, en passant par l’interdiction de travailler, les restrictions deviennent tellement nombreuses et le danger tellement présent, que sa famille n’a plus qu’une seule option : fuir l’Afghanistan !

La seconde partie du roman raconte non seulement cette fuite vers un avenir meilleur, mais propose également un second point de vue en donnant régulièrement la parole au fils aîné de Fereiba au fil des différents chapitres. Des traversées clandestines à la jungle de Calais, ce périple parsemé d’embûches est marqué par la faim et par la peur d’être renvoyé à son point de départ ou d’être séparés de ses proches. Si de nombreuses portes se referment tout au long de cette errance parsemée de dangers, il y a heureusement également quelques mains tendues, qui proposent une aide inespérée, voire sauvent des vies sans rien réclamer en retour. À travers le parcours de cette famille afghane, Nadia Hashimi nous plonge dans le quotidien effroyable de sans-papiers aux conditions de vie déplorables et à l’avenir plus qu’incertain…

« Il ne redeviendrait sans doute jamais celui qu’il avait été, celui qui autrefois était capable de rire, de rêver, de se sentir chez lui. Cette personne, comme son père, reposait probablement sous terre, sans pierre tombale, quelque part en Afghanistan. »

J’ai adoré la première partie qui se déroule en Afghanistan et m’a fait penser aux « Mille soleils splendides » de Khaled Hosseini. La seconde partie, abordant le problème des migrants, nous aide à prendre conscience du drame humain qui se cache derrière le flux de gens qui fuient leur malheur sans aucune garantie de trouver le bonheur. À l’aide d’une écriture fluide, sensible et profondément humaine, Nadia Hashimi dresse le portrait de personnages terriblement attachants qui se construisent au fil des pages. Leur périple, parsemé de malheurs et de belles histoires d’amitié, est narré avec énormément de réalisme et sans jamais tomber dans le pathos.

Si vous croiser des réfugiés en lisant ce roman, ils risquent peut-être de finir dans votre chambre d’amis… alors qu’avant vous auriez probablement juste détourné le regard.

Lecture vivement conseillée !

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