Alternative. Ainsi le dilemme n’est pas de choisir entre le candidat de la finance et la cheftaine de la haine incarnée, mais bel et bien de trancher la tête de qui nous semble insupportable pour la France et l’avenir immédiat. Réaliser un acte difficile a-t-il un lointain rapport avec un acte précisément insupportable? Entendons-nous bien. Puisque la gauche a été écartée du second tour – pour des raisons que vous connaissez bien –, nous ne nierons certainement pas ici que l’élection d’Emmanuel Macron reste un poison assez mortel pour installer en nous la tentation du refus d’un tel choix. Oui, Macron poursuivra les réformes libérales annoncées et rajoutera des normes de dérégulation aux normes déjà en vigueur, avec le péril que nous connaissons bien : cela nourrira encore plus le sentiment d’abandon des catégories populaires, d’autant que les inégalités risquent de se creuser encore, avec au bout du chemin, peut-être très rapidement, un surcroît légitime de colères et de ressentiments… Ce piège renforcera-t-il définitivement le Front nationaliste? C’est possible, en effet, l’argument mérite d’être entendu. À un détail près: le climat a changé, le paysage électoral a muté, et désormais une force alternative utile et crédible existe à gauche pour ne pas laisser le champ libre aux argentiers, fussent-ils installés à l’Élysée. Voilà toute la différence. La responsabilité des semaines qui viennent incombe donc, également, à cette gauche de transformation, car elle peut, elle seule, au Parlement et dans la rue, s’octroyer les clefs de la vraie opposition. Franchement, qui peut croire qu’une élection de Fille-la-voilà, avec les pouvoirs qui lui seraient conférés grâce à la Constitution actuelle, serait un «avantage» pour le peuple en souffrance et même pour la gauche? Nous parlons bien là de cette gauche déjà active et prête pour la relève!
[BLOC-NOTES publié dans l’Humanité du 5 mai 2017.]