Les Etats, eux aussi, rêvent de la fin de l’argent liquide. A la suite de la crise financière de 2008, dans un pays où le cash était roi, le gouvernement grec a imposé une limite de montant des retraits hebdomadaires et obligé les commerçants à s’équiper de terminaux de paiements électroniques. Quant à la BCE, avec l’arrêt de l’émission des billets de 500 euros d’ici fin 2018, elle affiche sa volonté de lutter contre le crime organisé. En France enfin, il est désormais interdit depuis le 1er septembre 2015 de payer en liquide des achats de plus de 1 000 euros, un plafond fixé auparavant à 3 000 euros.
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Par ailleurs, certains pays sont culturellement attachés au cash, comme l’Allemagne. A l’occasion de l’annonce de la fin des billets de 500 euros, le quotidien régional Rheinische Post défendait « Le cash, c'est la liberté » tandis que le quotidien populaire allemand Bildarguait « Touche pas à mon liquide ». De même, certains pays africains et sud-américains privilégient l’usage de l’argent liquide dans un environnement de faible bancarisation, mais aussi le paiement mobile, marché dopé par les succès d’acteurs comme Orange ou M-Pesa. Sur le vieux continent, la pression technologique et l’émergence de nouveaux acteurs comme les Fintech incitent à d’autres pratiques de paiement. Les banques mobiles Revolut et N26 font ainsi trembler les établissements traditionnels, tandis que la jeune française Lydia se hisse parmi les applications de paiement mobile les plus performantes actuellement. Les Gafa, eux aussi, se sont très tôt engouffrés sur le créneau en lançant, entre autres, Apple Pay et Android Pay. En octobre dernier, c’était au tour de la Banque centrale d’Irlande de donner à Facebook l’agrément de prestataire de paiement et d'émetteur de monnaie électronique. Ces initiatives témoignent du mouvement généralisé de dématérialisation des moyens de paiement, annonçant la fin programmée de la bonne vieille carte bancaire physique.
Les réseaux de carte l’ont bien compris, cherchant à se positionner désormais sur le marché du paiement instantané. Visa a ainsi lancé sa solution de transfert d'argent quasi immédiat, Visa Direct, tandis que MasterCard a annoncé son rachat de la startup britannique VocaLink, qui dispose d'une plateforme de paiement instantané. « En 2020, nous espérons que la moitié des transactions Visa se fassent avec un téléphone », déclare Conor Langford, vice-président de Visa Irlande. A quand l’acte de décès de la carte ? Alors oui, l’argent liquide est voué, à terme, à disparaître. Mais nul doute qu’il sera encore bien présent le jour du prochain enterrement de la carte bancaire plastique.
A propos de l'auteur : Frantz Waze est directeur administratif et financier de Banque Travelex.