Titre : Un homme de goût, T1 : Mise en bouche
Scénariste : El Diablo
Dessinatrice : Cha
Parution : Septembre 2014
Après « Pizza roadtrip », le duo formé par El Diablo et Cha revient avec « Un homme de goût ». Le premier tome annonce dès sa couverture (et son titre !) le cannibalisme dont il va être question dans l’ouvrage… Paru en format comics chez Ankama, le livre pèse une soixantaine de pages.
Une narration faite de flashbacks.
Policière à la retraite, Jamie Colgate traque un dangereux tueur en série. Pendant des décennies, elle le guette et, au commencement du bouquin, le trouve et le capture enfin. C’est l’heure de régler des comptes !
Malgré la couverture et les jeux de mots des titres, « Un homme de goût » ne fait pas du tout dans la finesse ! Le tueur est extrêmement violent et brutal, bien loin de se « mettre à table ». Son histoire est racontée par l’inspectrice par une série de flashbacks comme autant de petites histoires. Et c’est finalement là que la narration pêche un peu. La succession de retours en arrière finit par lasser et il manque finalement un véritable fil rouge ou des personnages auxquels s’attacher.
Ce défaut est (partiellement) transformé en point fort par le traitement graphique qui leur est apporté. En effet, chaque histoire se passer dans un contexte et une époque particulière. Le livre devient un prétexte à multiplier des histoires courtes. On se retrouve ainsi à Cuba en plein révolution. Puis dans une voiture de voyous dans une ville américaine… À chaque fois, les techniques d’impression s’adaptent à l’époque… Quadrichromie, puis trames… C’est la bonne idée du livre, à la fois en clin d’œil au lecteur, tout en restant pertinente sur le fond. Dommage que les auteurs soient moins inspirés sur la dernière histoire, sous forme épistolaire.
Graphiquement, le travail de Cha est immédiatement reconnaissable. Il s’adapte bien au propos et son encrage est toujours un plaisir pour les yeux. Le découpage est varié et multiplie les plans sans chercher à impressionner. Par contre, lorsque l’histoire l’exige, elle sait produire des cases marquantes. Du beau travail en soit.
Cet « Homme de goût » m’a laissé sur ma faim. Le fil rouge, en soit, n’est pas passionnant. Reste qu’on lit le tout d’une traite en se demandant bien qu’elle est la finalité de tout ça. Un peu poussif de par le nombre de flashbacks proposés, il faudra lire la suite pour savoir où les auteurs veulent réellement nous emmener. À suivre.