Atelier Carnem

Par Gourmets&co

Un nouveau repaire pour carnivores… sans plus

Il y a quelques rues comme ça à Paris ou dans d’autres capitales. Des rues à usines à bouffe en enfilade, qui se touchent et se ressemblent, avec les mêmes tables, les chaises à l’identique, et surtout des terrasses débordant jusqu’au milieu des passants qui déambulent, hagards. Un parcours du combattant alternant les restaurants grecs, italiens, indiens, chinois, japonais, français dans le genre raclettes, fondues et soupes à l’oignon. Terrifiant ! Un autre monde, une autre manière de se nourrir de n’importe quoi, n’importe comment. On se demande quelle image de la France et de la nourriture française retirent les touristes qui échouent dans ces rues sans espoir.

Celle-ci se nomme la rue du Pot de Fer. Il faut la prendre pour accéder à l’Atelier Carnem qui au premier abord ne se démarque pas vraiment de l’ensemble. A sa gauche une crêperie, à sa droite un bar à vins dont les deux patrons ont joint leur force pour ouvrir ce restaurant dédié à la viande, un concept qui manquait dans la rue. Très vite, on s’aperçoit que nous ne sommes pas dans le même monde : tables en bois brut bien espacées, fauteuils confortables, murs en pierres apparentes, accueil efficace et souriant de Carole, la maîtresse de la salle, service jeune et motivé et, en fond de salle, la cuisine d’où sortent les flammes de la braise.

Car dans ce nouveau repaire de carnivores, la viande est la star. Elle envahit la carte à l’exception d’un poisson et d’une salade du jour. Le reste se décline en hamburger d’ailleurs original car contenant un tartare et un œuf (26 €), en rosbeef « comme à la maison » (30 €), bavette, brochette, et l’indispensable côte de bœuf de plus d’un kilo
(89 € pour deux). Car les prix sont aussi une différence avec l’environnement de la rue. « Viandes d’exception » dit la carte, donc ça se paye… et assez cher.

De fait, tout tourne autour de l’Entrecôte. Diverses origines et deux cuissons possibles, braise ou plancha, suivant la race de la bête. All Black de Nouvelle-Zélande, Wagyu d’Argentine ( ?), Uruguay, Riverine d’Australie, Rubia de Galicia maturée, et Ribeye d’Argentine, pour des pièces de 300g environ. Toutes sont sélectionnées par un importateur qui siège à Rungis et qui redistribue les cartons qui arrivent d’un peu partout. Dieu reconnaitra les siens… Pour les accompagner, un choix classique et simple : frites, purée, salade, ou légumes bio.

A l’usage ? Une Ribeye Argentine, épaisse, saisie à la braise et aux sarments de vigne ce qui laisse un fond de goût pas très agréable et qui altère le vrai goût de la viande. De la tendreté mais peu de saveur (32 €). Une Riverine d’Australie, coupée étrangement mince, trop saisie au barbecue et donc trop cuite, avec du goût mais pas très tendre
(44 €). Normal, puisque les viandes ne sont pas maturées, ni à Rungis ni sur place, donc utilisées très fraiches. Dommage. Les accompagnements sont … gênants : frites sèches, purée étrangement ornée de champignons et de leur sauce, ou une pauvre brochette de légumes, tous hors saison (aubergines, courgettes, etc.). Tout cela sent la bonne idée d’un concept dans l’air du temps et qui manquait dans cette rue d’un autre temps mais qui pèche sur la réalisation.
Petit choix de desserts dont une Crêpe flambée au Jack Honey qui se tient bien.
Le bar à vins voisin fournit les vins avec une sélection sans histoires et même sérieuse et dans quelques jours toute la carte sera en vins au verre (de 7 € à 11 €). Enfin, une bonne nouvelle !

5, rue du Pot de Fer
75005 Paris
Tél : 01 72 34 56 94
M° : Monge
Ouvert tous les jours
De 19h à minuit
Brunch le dimanche midi

Menu : 36 €
Carte : de 50 € à 90 €