30 avril Marathons Ils courent ils courent les futés. Branchés sur leur électrocardiogramme musical. T-shirts floqués multicolores qui rappellent aux passants innocents qu'ils ont fait celui de New York ou de Pageas, s'il existe. Ils courent le matin avant d'aller bosser le midi en bouffant, branchés sur un tuyau alimentaire, le soir après le taf. Ils courent, elles courent sous le vent sous la pluie sous la neige. Ou sous un soleil de plomb. Ils matent leurs chronographes pour savoir si, des fois, ils ne seraient pas en retard sur leur temps de passage. Ils courent la cervelle aspirée par le martèlement de leur pied sur le bitume, ils respirent les gaz des voitures les relents de lisier les pesticides. Ils claquent parfois d'un arrêt du cœur qui en a plein le dos de jogger. Et pendant ce temps-là, leurs conjoints ou leurs conjointes s'envoient en l'air avec un intellectuel ou un écrivain…
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