Du songwriter de l'Ohio Joseph Arthur je ne connaissais pas grand chose avant de me rendre cette semaine à l'un de ces concerts. Quelques souvenirs me restaient seulement de sa réputation d'as de l'oversampling – point plutôt sympathique – mais pas plus. Pour sa venue à Paris, c'est l'honorable Café de la danse qui accueille le chanteur dans son charmant décor, chaleureux quoique dépouillé, et devant une assemblée de fans bien nourrie. Un microphone au milieu de la scène, pas de sampler en vue, les pierres du bâtiment rougies par les spotlights, le public assis et sage. Pour faire bref, du confort et de l'intimité pour cette soirée manifestement placée sous le signe de la folk music. Joseph Arthur, légèrement déguingandé, ray-ban « wayfarer » à la Dylan dégainées, jean-noir-veste-bleue, est dans le ton, vissé droit comme un « i » à un mètre des premiers spectateurs, la guitare en bandoulière et l'harmonica à portée de main.
Le silence règne. Un rapide “bonsoir, je suis ravi d'être ici” et l'Américain se lance. Les premiers arpèges d'“Electrical storm” résonnent et les paroles éraillées du chanteur remplissent l'enceinte. Sa mélancolie se fait instantanément grandeur et le public, moi compris, écoute religieusement. Joseph Arthur module d'une gamme à l'autre avec aisance et finit le titre dans un doux et haut fredonnement. Indéniablement, sa maîtrise vocale scotche et l'entrée en scène est belle, très dylanienne dans l'allure mais par-dessus tout magistrale.
Le bonhomme alterne ensuite morceaux anciens et nouveautés de son album à venir (Temporary people). L'auditoire est studieux mais peu à peu Joseph Arthur semble glisser vers la facilité et dérouler son répertoire, d'une balade folk à de la pop acoustique grandiloquente portée par les envolées de son chant.
Passé les cinq-six premiers titres, et bien que la voix soit réellement profonde et envoûtante, ses incessantes montées dans les aigües commencent à lasser. Le jeu de guitare est parfois brutal et à certains instants il manque cruellement de relief, devenant ainsi un tantinet brouillon. Les références récurrentes à Dieu couplées à l'enchaînement de lieux communs de certaines de ses love songs passionnées (du genre : “I'm looking for her... I'm looking for the one...”) finissent de m'ennuyer et de m'agacer. Et en dépit de deux rappels bien léchés et de l'engouement généralisé de la salle, sur les titres phares de l'artiste comme “In the sun”, c'est sur une légère impression de déjà vu que je quitte le Café de la danse. Pas déçu, pas outré, mais pas touché non plus.
Le site de Joseph Arthur
Le myspace du Café de la danse
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