[Découverte] Comme une envie de voyager à Cuba ... avant qu'il ne soit " trop tard "
Dans le petit monde du tourisme et des voyages, on parle beaucoup de Cuba en ce moment. Depuis le spectaculaire rapprochement avec les Etats-Unis en 2014, l'île connaît un envol touristique : le nombre de touristes américains a doublé, et le nombre de touristes français, allemands et britanniques a progressé de 30%. Et, pour s'adapter à ces nouveaux arrivants Cuba, semble changer très vite, réinvestissant cette manne et adaptant ses us et coutumes aux premiers paquebots de croisière - le tourisme représente déjà la deuxième source de revenus du pays. Il faudrait encore une levée complète de l'embargo et la disparition de toutes les restrictions pour que l'envol soit complet.
Un caractère singulier en voie de disparition ?
Personnellement, je ne sais pas si j'aurai l'occasion d'aller à Cuba dans les prochains mois, mais je sais que j'adorerais pouvoir passer des heures et des heures à converser avec les Cubains, vieux et jeunes, de ces très grands changements. Peut-être, d'ailleurs, que cette lancée sera stoppée nette par une décision trumpienne, qui peut savoir ? En attendant, une quantité impressionnante de compagnies aériennes ont ouvert des vols vers Cuba (à partir de 550 € depuis Paris Orly) ou bien se lancent dans le développement de leur offre de séjours à Cuba avec FRAM par exemple.
Est-ce que cette normalisation fera perdre à Cuba son caractère si singulier, si détonnant dans le paysage caribéen ? Toutes les personnes que je connais, qui ont eu la chance de visiter cette île, sont revenus à la fois enchantés et pleins d'interrogations sur la vie des Cubains. Enchantés par cette légendaire vivacité, cette chaleur humaine qui marque les esprits ; dubitatifs sur le poids de l'embargo, des sanctions, la vie sous la dictature castriste et la vie qu'il faut adapter en fonction des informateurs du gouvernement, de la surveillance constante. Une économie orientée plutôt vers la survie, malgré de réelles prouesses sociales (services publics peu chers, éducation et médecine gratuites) mais qui ne suffisent pas à compenser la dénuement de la plupart des Cubains. Ce contraste, et le poids de l'histoire révolutionnaire, avait créé un rythme très particulier pour tous les voyages à Cuba.
Cuba - Lost in Time from Paul Wex on Vimeo.
Y aller " avant qu'il ne soit trop tard ", et vivre la transition
Il y a quelque chose de paradoxal, et de terriblement égoïste, à se demander si tout cela ne va pas disparaître avec l'essor du tourisme. Après tout, tant mieux, si le nombre de visiteurs explose et que l'économie s'envole grâce à cela ; tant mieux, si cela permet aux Cubains d'être plus libres qu'auparavant. Tant mieux, si le visiteur peut enfin (déjà ?) avoir le droit d'aller dormir chez l'habitant sans avoir à notifier le poste de police le plus proche. Tant mieux, si les centaines de milliers de Cubains exilés ou réfugiés aux Etats-Unis peuvent revenir voir leurs proches, leurs familles, sans crainte d'être arrêtés et emprisonnés. La vie meilleure changera l'atmosphère, et contribuera probablement, progressivement, à aseptiser l'expérience de voyage comme c'est souvent le cas dans un pays qui retrouve une vie normale. Tant mieux ! ... malgré le petit pincement au cœur, et la petite voix égoïste qui, malgré moi, résonne tout de même en repensant aux récits de voyages cubains que j'ai pu entendre.