[Critique] DJANGO

Par Onrembobine @OnRembobinefr

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Note:

Origine : France
Réalisateur : Étienne Comar
Distribution : Reda Kateb, Cécile de France, Beata Palya, Bimbam Merstein, Gabriel Mirété, Johnny Montreuil, Vincent Frade, Raphaël Dever, Patrick Mille…
Genre : Biopic/Drame/Adaptation
Date de sortie : 26 avril 2017

Le Pitch :
1943, dans le Paris occupé, Django Reinhardt, entouré de son Hot Club, charme les foules, profitant du grand besoin de divertissement des habitants. Un officier nazi friand de jazz lui propose alors une grande tournée allemande durant laquelle il sera amené à jouer pour de hauts dignitaires du IIIème Reich. D’abord indécis du fait de sa neutralité dans le conflit en cours, il finit par refuser et prend la route vers la Suisse…

La Critique de Django :

Et le voilà, le biopic sur la légende du swing qu’on attendait depuis son annonce il y a un an. L’impatience était d’autant plus grande que Reda Kateb avait été choisi pour endosser les oripeaux du musicien blessé. Étienne Comar faisant quant à lui son entrée, derrière la caméra, après de nombreuses années en tant que producteur, assisté dans sa lourde tâche par David Reinhardt, petit-fils du virtuose manouche. La pression était bien là, mais qu’en est-il au final ? Un bien bel hommage.
La où beaucoup de biopics tentent d’embrasser toute l’existence et le parcours de leur sujet, la tendance actuelle semble être à l’épisode précis. Django se focalise sur une période assez courte, où le guitariste est déjà bien connu, a joué avec beaucoup de grands artistes de jazz, est au faîte de son succès et n’a donc plus grand chose à prouver. Et c’est là que le film fait preuve d’une grande intelligence, en faisant de Django un spectateur de son époque (l’Occupation). Certes, la musique est très présente (et superbement agrémentée par la présence du compère de Nick Cave, Warren Ellis) et les scènes de concert viennent rythmer efficacement le métrage, avec un certain brio. Car, bien vite, le petit monde des musiciens et de leur entourage va devoir partager la scène avec des invités intrusifs. L’occasion de scènes tantôt joyeuses et insouciantes, tantôt oppressantes. Django alterne habilement entre diverses tonalités, ce qui lui donne une bonne part de sa force d’écriture. Les personnages sont peu manichéens, et le casting fait parfaitement ressortir la complexité d’une prise de position, qu’elle qu’elle soit.

Voyage statique

Après divers contacts de moins en moins sympathiques avec la Wehrmacht et les nervis de la Milice, Django sent le vent tourner et va devoir fuir avec sa mère et sa femme, laissant derrière lui son amante (l’impeccable Cécile de France) et ses collègues du Hot Club. C’est là que le film prend des allures de voyage, physique, mais surtout introspectif. Django se retrouve bloqué à la frontière suisse, sur les rives du Lac Léman. Attendant le bon moment pour passer, il va reprendre contact avec sa famille, qui a installé ses roulottes à proximité. Dès lors, il prendra toute la mesure des horreurs qui guettent ses pairs tziganes et commencera peu à peu à s’impliquer dans la Résistance. Le film prend alors toute sa mesure, et nous offre de superbes moments d’acteur de la part d’un Reda Kateb égal à lui-même, à savoir parfait. Tout en verve et en truculence, il compose un Django attachant et très vivant. En restant centré sur peu de lieux, le film reste sur ses rails et évite le trop plein.

Classicisme modeste

Certes, Django est très classique dans son exécution mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit là d’une première réalisation, et qu’elle plutôt honorable, avec de beaux éclats formels. Étienne Comar fait preuve d’humilité et s’efface devant son sujet, la figure de Reinhart, qui elle-même finit par superbement se retirer face aux souffrances du peuple tzigane, qui marque la toute fin de l’intrigue, avec beaucoup d’élégance. Voilà comment dire beaucoup en en faisant peu…

En Bref…
Django évite les écueils du biopic et fait preuve des meilleurs intentions. Un film qui gagnerait à être un peu plus audacieux mais n’en est pas moins intéressant de part son approche du sujet et sa représentation des tziganes, souvent oubliés lorsqu’il est question de l’Holocauste. Nécessaire et élégant, surtout par les temps qui courent…

@ Sacha Lopez

   Crédits photos : Pathé Distribution