Tout commence par des chiffres, histoire de comparer les niveaux de vie selon les pays, et par une courte introduction sur les intentions de l'auteur. Il affirme qu'il n'écrit pas ce livre parce qu'il se sent coupable. Ni même comme un essai sociologique. Peut-être juste pour donner une parole à ces pauvres au sujet de leur pauvreté. Et un visage à travers les photos. On suit donc Vollmann, distribuant son argent aux quatre coins du monde, recueillant des propos, des histoires, des interprétations, des superstitions, des mensonges peut-être... On ne sait pas bien. Car on croise nos personnages quelques jours ou quelques instants, selon que l'auteur ou l'interrogé s'attarde. C'est donc une démarche assez étonnante, qui parait ou naïve ou brutale. En tous cas, qui pose question au lecteur !
J'ai donc suivi notre auteur, parfois à reculons, fatiguée de l'absence de sens, de l'absence d'espoir parfois. J'ai du mal à garder une vision synthétique de ce livre, ce sont plutôt des visages et des morceaux d'histoires qui s'accrochent à la mémoire. Pourtant, ça marche par thème, notamment sur les phénomènes liés à la pauvreté comme l'invisibilité ou la dépendance. Mais non, ce n'est pas ça qui restera. Intéressant de lire aussi le rapport de l'auteur aux pauvres qui vivent près de sa maison, à Sacramento. Son respect mais aussi sa méfiance.
Un drôle d'objet littéraire.
"J'en vins donc à me demander si l'une des caractéristiques de la pauvreté ne serait pas l'acceptation de la défaite"