Les anglais et les irlandais aiment nos Poules d'Essai, surtout les anglais d'ailleurs, et y viennent nombreux depuis des décennies.
Chez les poulains c'est en moyenne chaque année quatre à six poulains qui se se déplacent (un peu moins pour les pouliches). Il y a même des années avec ce qui pourrait s'assimiler à une invasion notamment en 2007 où il y avait dix poulains anglais-irlandais sur quatorze au départ (le premier français se classera septième !).
Ces trente dernières années, pour les visiteurs d'Outre-Manche, chez les poulains c'est huit victoires, une vingtaine de podiums avec 4-5 poulains échouant d'un rien comme Indesatchel, Turtle Island ou Clearing et aussi des périodes creuses sans victoires de 1982 à 1994 et de 2008 à 2015. Chez les pouliches, c'est cinq victoires, une douzaine de podiums mais aucune victoire depuis 2003
Toutefois, contrairement à ce qu'on pourrait penser, depuis 2000, bien qu'ils aient gagné cinq des sept éditions des Poules d'Essai des Poulains entre 2000 et 2007, leurs résultats sont globalement moins bons que ceux obtenus dans les années 1980-1990 car, s'ils ont présenté beaucoup plus de partants (+75%) ils ont fait à peine mieux si on compare avec le nombre de chevaux arrivés dans les trois premiers des deux Poules.
Trois façons de voir les choses : soit on considère que les 3 ans français se défendent mieux, soit ils nous envoient des chevaux moins bons, soit eux-mêmes sous-évaluent la qualité de nos chevaux.
Et s'il parait évident que récemment les pouliches françaises parmi lesquelles Zarkava, Divine Proportions, Ervedya, La Cressonnière, Special Duty (qui a aussi gagné les Guinées) ou Darjina étaient proportionnellement meilleures que les poulains français, malgré tout de très bons de nos poulains ont pu gagner car en face il y avait des poulains assez moyens, les entraineurs de ces derniers les ayant présenté car estimant ne pas avoir de vraie chance dans les Guinées et donc préférant tenter une belle allocation en France (comme avec Indesatchel, River Proud, Honoured Guest ou France).
Certains entraineurs anglais ou irlandais viennent en France parfois avec une réelle intention de gagner parce qu'ils ont un ou plusieurs autres poulains de valeur à présenter dans les Guinées (comme avec Shamardal, Aussie Rules, Astronomer Royal ou Rio de la Plata) mais il arrive également qu'ils viennent en France pour éviter quelques terreurs dans les Guinées.
Comme on le voit, plus généralement, le niveau de la participation et de l'opposition dépend de plusieurs facteurs qui peuvent fluctuer selon les années et induire une plus ou moins forte participation.
Pour les 3 ans la vraie concurrence français vient pour l'essentiel de quelques entraîneurs, ceux ayant des chevaux à potentiel en nombre suffisant, notamment Aidan O'Brien, John Gosden, S. Bin Suroor pour Godolphin, Paul Cole, Dermott Weld ou Jim Bolger. Pour d'autres, par le passé, avec Richard Hannon et John Dunlop, ou plus récemment avec des entraîneurs comme Mick Channon, Brian Meehan ou Tom Dascombe, la concurrence est souvent beaucoup plus aléatoire.
Dans la confrontation avec nos voisins, les années 1985-1995 ont été particulières car il y avait à cette époque le trio magique F.Boutin /A.Fabre /C.Head-Maarek capables de repousser les assauts des visiteurs avec souvent un talent incomparable mais également avec de vrais champions, ce qui n'est plus le cas vraiment aujourd'hui.
Quoi qu'il en soit, cette concurrence est nécessaire, salutaire, la question de laisser les Poules françaises en ligne droite mérite d'être posée. A Longchamp on sait les Poules à plus de 13-14 partants, c'est toujours un risque important d'arrivée faussée.
Si on regarde objectivement l'ensemble des arrivées des deux épreuves de 1995 à 2015, plus de la moitié se sont déroulées avec treize partants ou plus, et parmi celles-ci la grande majorité des gagnant(e)s avaient un N° de corde inférieur à 10 dont la moitié avec N° inférieur à 6, ce qui prouve que les chevaux partant à un No de corde le plus à l'extérieur sont forcément pénalisés car ils en sont réduits, soit à attendre à l'arrière souvent et combler un retard conséquent sur quelques chevaux ayant lancé le sprint, soit faire un effort important pour effacer une partie de ce handicap au moment du départ afin de ne pas compromettre toutes leurs chances de faire l'arrivée. Certains s'en sortent en restant plutôt près de la lice, d'autres se lancent en pleine piste. Et souvent on observe, à contrario que des chevaux moyens ayant hérité d'un N° de corde favorable trouve leur salut dans la fuite en avant et arrive;NTT à conserver une place.
Quatre exemples récents attestent de chevaux qui auraient du gagner mais qui n'ont pas pu le faire du fait de leur N° de corde. New Bay, Intello, Indesatchel et Veda
La concurrence étant salutaire en matière de sélection, laisser les Poules sur un parcours en ligne droite ne peut qu'accroître la pertinence des performances. Avoir peur que nos voisins se ruent en nombre pour nous affronter est un peu ridicule. D'ailleurs, l'année dernière, ils ne sont venus plus nombreux. Ils sont surtout venus avec de vraies chances. The Gurkha, Nathra, Besharah n'étaient pas des faire-valoir. Nathra et First Selection (qui n'ont pas été handicapés par leur N° de corde) ont enchaîné ensuite avec les Guinées.
Reste le délicat probl7me de ne pas ré-intégrer les Poules dans le fastueux Longchamp un mois après la ré-ouverture. Mais est-ce vraiment un problème ?