Volume II --- Numéro 2 --- 26 juin 2008
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La subordination n'est pas la servitude,
pas plus que l'autorité n'est la tyrannie.
Charles Maurras
Au chef, il faut des hommes et aux hommes, un chef.
Proverbe africain
Vous ne serez jamais un bon leader tant que
vous n'avez pas appris à suivre et être mené
Tiorio
CE QUE JE DIS
L'idée est répandue qu'il faut être ou devenir leader et personne ne veut être dirigé. La Fontaine dit dans l'une de ses fables qu'on a souvent besoin d'un plus petit que soi mais moi j'ose dire : On a toujours besoin d'un chef pour être meilleur ; et si vous n'apprenez pas à être un bon suiveur, vous ne serez jamais un bon leader.
POURQUOI JE LE DIS
A quoi peut bien servir un chef d'orchestre lorsque les musiciens peuvent lire la partition sur un cahier ? Eh bien, il sert à indiquer le tempo (la vitesse si vous préférez). Sans lui, les musiciens partent dans tous les sens. Qui plus est, ils ont besoin d'un signal lorsqu'ils observent de grands silences. Et qui, mieux que le chef, peut leur donner le top ?
Nous entendons souvent dire : « qu'en pense le patron ? », « comment est-il ce matin ?» C'est donc qu'il compte pour beaucoup n'est-ce pas ? Même dans le règne animal, il existe cette fonction de repère joué par le mâle ou la femelle dominant ou expérimenté, selon les espèces. A la moindre alerte, les jeunes lions guettent par exemple la réaction du patriache de leur clan pour mesurer l'intensité du danger. En effet, calquer leur comportement sur le sien est bénéfique et salutaire pour eux. Au début de l'insurrection armée d'octobre 2002 en Côte d'Ivoire, le président Laurent Gbagbo, alors en France, rentre précipitamment au pays en disant « Je vais au front » ; cela a sans doute eu un effet mobilisateur sur les forces gouvernementales.
Affirmer que la fonction de chef répond à un besoin peut paraître provoquant. C'est pourtant une réalité souvent méconnue et mal admise tant la notion est empreinte d'une vision centralisatrice et dominatrice. Qui dit chef pense en même temps « petit chef ». « Ce qu'on appelle aujourd'hui un chef, c'est un ambitieux doublé d'un fanatique », dit à juste titre Jean Grenier.
Un véritable équipier ressent le besoin d'avoir un chef. Et ceci, non du fait d'un quelconque manque personnel ou d'une incapacité à être autonome mais pour se sentir au sein d'une unité d'action cohérente.
Selon Oliviers Devillard, dans La Dynamique des Equipes (Edition d'Organisation), chacun (employé ou équipier) éprouve le besoin personnel d'être en relation avec un chef pour satisfaire quatre sortes d'attente dont je ne voudrais retenir que trois (*) :
Avoir un chef pour recevoir du support
Ce support va de la gratification au soutien en passant par le conseil et l'incitation. Jack Welch, qui a présidé aux destinées de General Electric jusqu'en 2000 écrit à propos de son rôle de chef : « Tout bien réfléchi, mon vrai métier, c'est d'enseigner ». Pour l'employé ou le membre d'équipe recevoir le quitus du chef, c'est être félicité sur la qualité du travail, sur sa conformité. L'absence d'une telle gratification qui répond à des besoins de sécurité, de reconnaissance et de fierté, est l'une des principales causes de démotivation. Personne n'y échappe, pas même le PDG qui l'attend de son Conseil d'Administration ou l'élu de son électorat. Même sans chef, nous demandons quitus à nos amis ou nos proches, nos conjoints notamment. « Le vrai patron est quelqu'un qui se mêle passionnément de votre travail, qui le fait avec vous, par vous » nous dit Jules Romains.
Avoir un chef pour mieux développer son potentiel
Les analystes transactionnels posent l'équation : Permission+Protection=Puissance. Ce qui illustre une des manières pour un leader de faciliter le développement de ses collaborateurs en leur permettant de prendre des initiatives tout en couvrant leurs premières maladresses, constituant ainsi pour eux une sorte de soupape de sécurité. C'est sans doute pourquoi Antoine de Saint-Exupéry affirme : « Le chef est celui qui prend tout en charge. Il dit : "J'ai été battu". Il ne dit pas : "Mes soldats ont été battus" » car « Le but d'un chef doit être moins de montrer du courage que d'en inspirer » (Paul-Louis Courier). D'ailleurs T. S. Lin nous apprend qu'« Il n'y a pas de mauvais employés, seulement de mauvais patrons. »
Avoir un chef pour se sentir représenté
Il faut un chef pour incarner l'équipe, aux yeux du collaborateur en entreprise ou du membre d'équipe. Sans chef, les acteurs seraient comme des électrons libres, privés de relais entre eux et l'entreprise. Le chef sera à la fois l'intermédiaire et le représentant. « Il faut bien que je les suive, puisque je suis leur chef », affirme ironiquement Ledru-Rollin.
EN DEFINITIVE, même les structures sans chef formel expérimentent implicitement une sorte de chefferie spontanée tournante. Alors, chers amis, apprenons à accepter d'avoir des chefs, à être de bons suiveurs, afin de devenir de meilleurs leaders. Il faut bien partir de la base pour atteindre le sommet, comme nous enseigne Basile Nukunu à travers son module de formation JCI « De la base au sommet ».
LECTURE RECOMMANDEE :
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La parole enseigne, l'action entraîne.
A jeudi prochain, si Dieu le veut
Gbèton.
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(*) Le quatrième est « partager la vision »
Libellés : Leadership