En 2002, tous les partisans d'une politique de gauche ont eu le sentiment de se faire voler le second tour. En 2002, on vivait le premier signe indiquant que le scrutin à 2 tours, tel qu'on le pratique en France pour l'élection présidentielle, n'est plus adapté à notre politique qui n'est plus « bipartite ».
Quinze ans après, 4 candidats obtiennent des résultats très proches. Tout aurait pu en désigner 2 autres. Un battement d'aile de papillon aurait pu tout changer, tant le nombre d'indécis était grand la veille du vote. Un fait divers ? un timing un peu différent ? un autre connerie de Macron ? une primaire PS ou Les Républicains avec des résultats différents ? des soutiens arrivés un peu plus tôt ?
4 candidats séparés par 4 points (1,6 millions de votes) : c'est comme choisir le représentant du peuple sur un jet de dés. Seule l'abstention maintient vraiment l'avance avec 3 millions d'électeurs de plus que Macron.
Et finalement, un second tour avec 2 candidats semble simplement injuste pour 55% des votants, qui se retrouvent à devoir choisir entre la peste et le choléra. Des électeurs dont les idées sont trahies par les seuls candidats encore en lice. Il est inédit de voir autant de candidats perdants ne pas donner de consigne de vote (6 pour le moment).
Pourtant cette fois, beaucoup d'électeurs ont joué le jeu du « vote utile » qu'on nous sert à chaque fois. Mais l'axe allant de la gauche à la droite étant obsolète, le vote utile n'a pas mis en avant 2, mais 4 candidats. Cette nouvelle configuration n'est ni plus ni moins que l'expression d'un scrutin inadapté à la politique du 3ème millénaire. La Vème République a vécu, et le seul candidat qui voulait la changer a été évincé par ce système. L'élection se nourrit d'elle-même.
Au premier tour, j'ai voté Mélenchon par conviction. Parce que j'adhérais à son programme sans frustration. Mais au second tour mes idées ne sont pas représentées. Le Pen propose une politique raciste et fasciste, et Macron est responsable de tout de ce que je dénonce dans ce blog. En fait, j'ose prétendre qu'il est plus dangereux. Mais d'une façon différente. Voter Macron aujourd'hui, c'est avoir Le Pen dans 5 ans. Alors on fait barrage comment ?
Je refuse de choisir entre la raciste qui n'aime pas les arabes et le libertarien qui n'aime pas les pauvres. Si le malentendu peut faire ressembler certaines propositions du FN à mes choix politiques (sortir de l'UE, de l'OTAN, produire localement), je sais qu'elle le fait pour des raisons très différentes, cachant un grand danger pour les libertés publiques. Je n'assumerai pas une quelconque part de responsabilité dans l'élection d'une fasciste pour représenter mon pays.
Mais la capacité de nuisance de Macron est tout aussi grande : il sera responsable du délabrement du service public, de nos conditions de travail avec une loi travail 2, de la prochaine crise sanitaire et écologique, de la politique atlantiste et des prochaines guerres (économiques ?). Je ne donnerai donc jamais un vote à Macron, à cause de qui j'ai essuyé les lacrymo. Non, je refuse.
Alors entre les deux, mon choix est fait : ni l'un ni l'autre. Ces monstres sont tous les deux des rejetons de manœuvres politiques. Je ne me couperai pas une jambe pour sauver l'autre. Qu'ils se démerdent avec leurs candidats. Ce n'est déjà plus mon problème.
J'espère ainsi que le prochain représentant, quel qu'il soit, ne sera élu que par une minorité d'électeurs. Parce qu'on ne fanfaronne pas quand on n'est élu que par 15 millions de Français. Et cela donnerait du poids à la contestation pour les 5 années qui viennent. Voyons grand.
J'assume avoir été dépossédé du droit de vote, complètement dévoyé aux médias institutionnels, propriétés des milliardaires du pays, inadapté aux temps modernes.
À ce titre, je ne reconnaîtrai pas notre prochain Président, quel qu'il soit, car je m'adapte.
Je prédis que dans les 5 ans à venir, les gaz lacrymogènes vont tourner à plein. Achetez des actions, c'est le moment.