C'est un sentiment à l'égard du monde politique qui est maintenant devenu mondial.
On a marqué l'histoire en France dimanche dernier en liquidant au premier tour les deux grands partis (Républicains et Socialistes) pour la toute première fois de l'histoire du vieux pays, en y laissant deux nouveaux modèles entre lesquels choisir d'ici deux semaines: le parti du centriste Emmanuel Macron "En Marche" et le parti du front national de Marine Le Pen.
C'est énorme. C'est un peu comme si on avait éliminé Républicains et Démocrates aux États-Unis. C'est un peu comme si, au Québec, on avait éliminé Libéraux & Péquistes et qu'il ne restait plus qu'à choisir entre Québec Solidaire et Les Soldats d'Odin. J'exagère un peu dans ma comparaison puisque que le parti de Macron a peu à voir avec Québec Solidaire, se disant ni à gauche, et ni à droite, mais je n'exagère pas tant que ça quand je fais référence aux Soldats d'Odin en parlant du parti de Le Pen.
La triste blonde a bien atteint le second tour, mais il faudra maintenant s'assurer de la liquider durement à son tour d'ici le 7 mai.
Quand un déséquilibré à tué un policier la semaine dernière avant d'être lui-même rayé du monde des vivants, tout juste quelques jours avant le résultat du premier tour d'élection, les leaders avaient tous la chance de se placer dans les souliers du Président qu'ils auraient été dans leur déclaration publique à la nation (et au monde) sur le sujet. Le Pen s'est plantée.
Elle a tout de suite annoncé qu'il fallait expulser tous les fichés S étranger du pays. Un fiché S, est une branche du fichier des personnes recherchées créée en 1969. Dans le fiché S on retrouve les personnes ayant fait l'objet de recherches pour prévenir des menaces graves pour la sécurité publique ou la sûreté de l'État, dès lors que des informations ou des indices réels ont été recueillis à leur égard. La définition menacer la sûreté de l'État est assez floue pour pouvoir ratisser très large. Et prête alors à toute les dérives. La déclaration de Le Pen était non seulement radicale, injuste et sans nuance, mais elle allait aussi être complètement hors propos. L'assassin du policier était un Français n'ayant jamais mis le pied hors du pays, et pas du tout fiché S ce qui rangeait Le Pen dans les voix peu importantes aux lendemains de l'attentat. Mais la rendait surtout loufoque aussi.
De plus, tous les fichés S ne le sont pas pour terrorisme, ce qui rendait ses propos plus absurdes encore. Plusieurs le sont pour désintox entre autre. Et c'est absolument de cela que la France doit se guérir. De la désintoxication du front national.
C'est un écoeurement politique qui a été déclaré dimanche dernier, un vote contre la corruption ordinaire, banalisée de la politique française, qui ne passe plus comme un chèque à la poste ou un droit acquis. Mais c'est aussi un flirt avec le danger. L'appui d'un voteur sur 5 dimanche au parti de Marine Le Pen a été reçu en général comme quelque chose d'attendu, mais il ne faut pas oublier que c'est aussi aberrant et nettement épeurant. "La France aux Français" scande-t-elle. Ah oui? Elle est à qui en ce moment? Aux terroristes? Comme le dernier Français qui a tué ce policier quelques jours avant les élections? Le discours du front national c'est celui du rejet et du repli identitaire s'appuyant sur la préférence nationale. Vous voyez le nettoyage ethnique dans le texte?
Liberté, préférence pour les Français d'origine, fraternité si tu n'es pas fiché, l'étranger.
Macron aura besoin d'une coalition, mais que se passera-t-il quand tous ceux qui ont été rejetés, les vieux des vieux systèmes se rangeront derrière lui? Est-ce que les voteurs diront "Ben justement! on ne les voulait pas! on ne supportera pas ceux qu'ils supportent maintenant, pardi!"
Les nouveaux appuis pourraient-ils nuire à Macron? Je crois le peuple français pas aussi con.
Plus rien à foutre, c'est bien joli, mais faut aussi construire,
Pas juste lancer des cocktails molotovs aux dirigeants en place.
Ça ce serait de la simple inertie habillée de rage improductive.
Construire des ponts a toujours été mieux que bâtir des murs.
Dans toute les sphères de la vie.