Aujourd’hui j’ai l’impression d’émerger après une gueule de bois d’anthologie. Là je parle de celles qui laissent des traces. Celles qui font que l'on n'est plus jamais pareil. Je vis désormais un rêve éveillé. Ou plutôt je me réveille d’un long cauchemar. C’est comme si j’avais été dans le coma pendant 20 ans et que je revenais de parmi les morts.
20 ans de travail. Et 20 ans de black-out. Un fil à peine perceptible relie le moi d'aujourd'hui au post-ado déjanté de l'époque. La connexion est toujours là. Tout est encore là. Il n'y a qu'un trou obscur derrière moi, une brèche temporelle, celle où je suis tombé lorsque j'ai touché mon premier salaire.
Crac. Tout est dit. Premier salaire. Première course du Rat. Et fin de l'insouciance. Mais aujourd'hui, 240 salaires plus tard, tout redevient clair. Je revois tous mes rêves, avec les mêmes yeux qu'autrefois. Je peux presque les toucher même désormais.
Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts. Jamais cette maxime n'a sonné aussi juste. J'ai lâché beaucoup de plumes au travail durant de nombreuses années, je me suis parfois mal nourri, j'ai très souvent mal dormi, j'ai porté de gros fardeaux sur mes épaules, le tout sans trop prendre attention à ce que me disait mon corps. J'ai été très souvent à la limite de ce qu'il pouvait supporter. Trop souvent. Et à 3 ou 4 reprises il a bien failli lâcher.
Mais tout ceci est terminé. Non pas que je ne travaille plus. Ceci est pour (un peu) plus tard. C'est fini parce que le sale gamin de l'époque est de retour. Il a repris possession de la machine et il compte bien la remettre d'aplomb pour en profiter encore de très nombreuses années.
En route pour la joie.