Il s'agit évidemment du célèbre manteau du romancier. Cette pelisse qui ne le quittait pas, qu'on peut voir sur lui en 1905 dans une photo prise à Evian, qu'il a portée toute sa vie, qui a suscité l'original de la scène où Saint-Loup saute sur les banquettes d'un restaurant pour apporter un pardessus au narrateur. Ce manteau qui servait de couverture à l'auteur, posé sur le lit où il écrivait couché, les bras levés.
Ce manteau, donc, existe encore. Il est au Musée Carnavalet, dans un carton. Lorenza Foschini raconte comment l'habit a été découvert et sauvé par Jacques Guérin, industriel parfumeur, mécène, bibliophile et collectionneur. Jacques Guérin qui, entre parenthèses, a été un des grands amours de Violette Leduc.
On voit passer dans cette petite recherche le frère de Proust, Robert, qui a assuré la publication de l'œuvre de son frère, après sa mort, mais à sa manière. Sa femme, dont l'histoire est étonnante.
C'est Adrien Proust, le père de Marcel et de Robert qui a organisé le mariage de Marthe avec son fils. Et pour une raison curieuse : elle était la fille de sa maîtresse à lui.
Malgré cet antécédent scandaleux, qu'elle ignorait d'ailleurs peut-être, Marthe n'a jamais trouvé Marcel convenable. Elle n'a jamais lu une ligne de lui, proclamait partout qu'il n'avait écrit que des mensonges, se voulait la gardienne de la respectabilité de la famille. Elle a donc brûlé des quantités de lettres, de livres, de photos. Un autodafé bourgeois destiné à sauvegarder l'honneur des Proust menacé par l'homosexualité de l'écrivain.
Comment Jacques Guérin a réussi toutefois à sauver quelques papiers, quelques meubles de la chambre de Proust et son fameux manteau, c'est ce que vous découvrirez dans ce petit livre passionnant...
Lorenza Foschini, Le manteau de Proust, Portaparole