Présentation de l’éditeur :
Sur une plage déserte, une femme déposée par le naufrage de sa vie, un homme qui s’attache à son énigme, et un enfant qui s’échappe sans cesse. Dans le désordre des voix et des silences, surgit un théâtre de départs et de retours, d’attirance et de retrait. Les mots les plus nus disent la douleur de la perte, se substituent à elle, dans des phrases rapides et sèches, fluides et brûlantes, confrontant l’écrit et l’oralité, la mémoire et l’oubli. Le récit devient alors le récit de la langue qui accomplit dans le mystère d’elle-même le mouvement du retour à la vie.
Derrière ce titre simple et énigmatique se joue un pas de deux ou de trois, on ne sait vraiment, une danse fragile entre une femme abandonnée à elle-même sur une plage, dans les soubresauts d’une tempête inapaisée, un homme qui ne cesse de venir à elle et de s’écarter au gré du vent et des désirs de la femme, et un enfant qui va et vient dans le vent, insaisissable. Cette histoire, hors de tout contexte précis, à part le vent, la plage, l’eau, un bateau qui aurait fait naufrage, tient à la fois du rêve, de la poésie et peut-être du psychique (car Anne van Maele est psycho-thérapeute et anime des ateliers d’écriture). Il est question de deuil, de naissance et de renaissance, de désir et de résilience à travers des éléments comme l’eau, le sable, le vent, symboles de vie et de mort, du temps qui passe, du changement perpétuel. Mais le lecteur qui croit tenir un fil de cohérence,d’avancée se voit aussi bousculé par un nouvel élément, par un recul apparent dans le récit. L’écriture, d’abord très épurée, presque inachevée, joue sur un mouvement de flux et de reflux, elle se gonfle peu à peu comme une voile sous le vent, elle s’emplit d’images poétiques jusqu’à un final apaisé, un printemps retrouvé, un enfant libre, un pas de deux enfin accordé entre la femme et l’homme.
Un texte qui ne se livre pas au premier abord mais dont la musique subtile se laisse écouter sans amarres, accompagnée par les linogravures de David Greco.
« Le fracas des vagues, la nuit surtout. L’homme se couche sur elle lentement, il la couvre. I lui dit les arbres tranquilles, le vent cassé par les falaises. Elle a la fièvre. Il se lève, il faut partir. Elle se laisse faire. Il la porte serrée contre lui, il presse le pas autant qu’il peut. Elle délire par instants. Elle dit le bonheur est tombé au fond du vent, il faut arrêter le gouffre. » (p. 39)
« Il dit c’est ça l’irréparable. Elle dit l’irréparable c’est le désordre de tout. C’est recommencer sans plus rien savoir d’avant. C’est être debout vivant dans cet oubli. » (p. 49)
Anne van MAELE, Tremblée, collection Soirs en poche, Editions Murmure des soirs, 2013
Mina avait lu ce livre lors du premier mois belge.
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