« Quand on me demande dans la rue un don pour les enfants handicapés, je refuse. Je n’ose pas dire que j’ai deux enfants handicapés, on va croire que je blague. L’air dégagé et souriant, je m’offre le luxe de dire : « Les enfants handicapés, j’ai déjà donné. » »
Le sujet n’est donc pas drôle du tout, surtout que l’on m’a toujours dit qu’il ne fallait pas rire des handicapés ou du malheur des autres. Pourtant… et ça a eu le mérite de solidement me surprendre au début… Jean-Louis Fournier joue pleinement la carte de l’humour noir durant la totalité du récit. Je dois dire que c’est assez déstabilisant et le fait qu’il le fasse sur le dos de ses propres enfants m’a tout de même dérangé tout au long de cette lecture. S’il s’était contenté de quelques vannes, la pilule serait probablement encore passée, mais les pauvres s’en prennent constamment plein la tronche et au bout de plusieurs chapitres, outre cette gêne latente que j’éprouvais face à ce père qui parle de telle manière de ses enfants, j’avais surtout envie de crier « Assez, j’ai eu ma dose là ! »…
Cet humour foncièrement noir, dont je suis pourtant friand, n’a donc pas vraiment réussi à me faire sourire. Il y a cependant quelque chose de touchant, d’émouvant qui émane de ce texte au fil des pages. Il se moque certes d’eux, mais ce cynisme qui lui fait constamment mettre les pieds en plein milieu du plat est surtout une sorte de mécanisme de défense, servant à dédramatiser et à prendre du recul. Derrière cet humour noir trop corrosif et parfois très maladroit, qui fait visiblement office d’exutoire, le lecteur décèle progressivement le désarroi, l’impuissance, l’amertume, la tristesse, la souffrance et tout l’amour de ce père frappé de plein fouet par un destin que l’on ne soupçonnait pas si cruel.
« Un livre que j’ai écrit pour vous. Pour qu’on ne vous oublie pas, que vous ne soyez pas seulement une photo sur une carte d’invalidité. Pour écrire des choses que je n’ai jamais dites. »
Couronné du Prix Femina en 2008, « Où on va, papa ? » m’aura touché au niveau du sujet, mais dérangé au niveau du style et de la forme. Mais je lirai probablement « La servante du seigneur », afin de connaître l’histoire de Marie, cette fille qu’il ne fait qu’évoquer en cours de récit…
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